Enlèvement de Foniké Menguè et Cie: les vérités de Mamadou Sylla à la junte militaire ! (Interview)

Enlèvement de Foniké Menguè et Cie: les vérités de Mamadou Sylla à la junte militaire ! (Interview)
Dans une grande interview qu’il a accordée à Mosaiqueguinee.com ce jeudi 18 juillet 2024, Mamadou Sylla, grand-frère de Oumar Sylla alias Foniké Menguè s’est dit très inquiet après l’enlèvement de ce dernier avec son collègue, Mamadou Billo Bah, membre du FNDC dans la nuit du 09 au 10 juillet 2024 à Commandanyah. L’homme d’affaires et leader politique ne cache pas son amertume face à l’injustice que subie celui qu’il a elevé et encadré. Au lendemain de la sortie du procureur général qui a décliné toute responsabilité dans cet enlèvement, Sylla patronat confie que la famille Sylla ne sait plus à quel saint se vouer. Mamadou Sylla demande au Général Mamadi Doumbouya la remise en liberté de Oumar Sylla et d’éviter la colère divine et celle de tout le peuple. L’aîné de la famille Sylla répond aux questions de Mohamed Bangoura.

Interview !

Mamadou Sylla, bonjour, monsieur. Votre demi-frère Foniké Menguè et son collègue du FNDC Billo Bah ont été enlevés dans la nuit du 9 au 10 juillet dernier. Dans quel état d’esprit se trouve la famille ?

Merci beaucoup, M. Bangoura. J’avoue que c’est avec le cœur très meurtri que la famille, vit ces moments depuis le jour qu’ils ont arrêté notre frère. Tout le monde sait en Guinée que c’est mon jeune frère de sang. C’est mon jeune frère de même père. Et c’est un frère, un petit frère, bien sûr, qui a grandi, qui est né dans mes mains, qui a grandi avec moi. Et je me suis occupé de lui, de son éducation jusqu’à sa sortie de l’université et jusqu’à aujourd’hui. On l’a arrêté chez moi, dans ma maison à Commandanyah. Mais j’avoue au nom de la famille, je parle en leur nom, au nom de mes frères, de mes sœurs et tout, qu’on est très inquiet. Et pour nous, pendant tout ce temps, on a toujours dit de garder un peu de silence, essayer de voir ce qui va se passer puisque ce n’est pas la première fois qu’on l’arrête, on a pensé qu’il allait nous revenir. Parce qu’on sait qu’il n’a rien fait de grave. Je n’ai pas voulu intervenir plutôt en tant que grand frère, en tant qu’homme politique, acteur public parce que j’anime un grand parti politique. On me dit que je n’ai pas ma langue dans ma bouche. Tout le monde connaît ça. Mais quand quelque chose t’arrive, c’est très difficile de prendre très rapidement la parole. Mais la famille s’est réunie hier dix jours après son enlèvement. Parce qu’on n’est plus dans le cadre de la loi qui accorde 72 heures à toute personne arrêtée. Tout ce temps-là, on est resté calme. Mais là, depuis hier, la famille n’arrive plus à se ressaisir. Nous sommes très inquiets. On n’a pas pu dormir.

Pourquoi la famille n’a pu dormir ?

On commence à avoir peur, à perdre tout espoir. Et notre patience aussi a des limites ; on est arrivé au fond de la limite. Et surtout quand on a entendu le procureur hier nuit annoncé qu’il ne sait pas où se trouve notre frère.

Justement, vous avez suivi donc hier cette sortie du procureur général à travers un communiqué dans lequel il décline toute responsabilité concernant l’enlèvement de Foniké Menguè et d’autres. Que vous inspire cette sortie médiatique du Procureur Général près la cour d’appel de Conakry ?

J’ai dit qu’hier, la famille n’a pas dormi. On s’est réuni, mais c’est incroyable. On pense à beaucoup de choses aujourd’hui. Mais c’est très grave ce qui se passe dans notre pays. Vous savez, moi, je connais le régime militaire. J’ai été un grand ami d’un Général qui a fait tout son temps dans l’armée. Plus de combien d’années ? Mais j’étais à côté de lui, je sais comment ça fonctionne. Nous demandons au Général de relâcher notre frère ou de nous dire qu’est-ce qu’il a fait ; où il se trouve parce qu’aujourd’hui, on pense à beaucoup de choses qui pourraient lui arriver. On se demande, est-ce qu’il vit ? On a vu ce qui s’est passé avec le général Sadiba ici moins d’une semaine après son jugement. Il est décédé samedi après, lundi ou mardi, on a su ça puisque ça a été officialisé parce que les gens parlaient. Aujourd’hui, la famille est dans la même situation. On se demande est-ce que ce n’est pas ce qui est arrivé à notre jeune frère et qu’on puisse cacher cela ? Les gens m’appellent de gauche à droite. Il y en a qui m’ont dit qu’il était entre la vie et la mort. Tout ça, c’est depuis le lendemain de son arrestation. Et maintenant, ce qui nous inquiète le plus, c’est la sortie du procureur général hier, quand il dit qu’il ne sait pas qui l’a arrêté, qu’il n’a pas ordonné et qu’il n’a pas non plus donné de mandat alors que c’est lui qui incarne la sécurité, la sécurité des personnes. C’est toute la justice qui vient de dire qu’elle ne sait pas où se trouve notre jeune frère. Et avec ça, notre inquiétude devient grandissante. Ça ne fait pas avancer le pays. Franchement, la famille est très inquiète. Les gens savent qui sont venus l’arrêter. C’est dans ma concession qu’on est venu l’arrêter avec son ami. J’ai toutes les nouvelles avec moi. On parle de la gendarmerie et des forces spéciales qui sont venus l’arrêter vers 22 heures. J’ai beaucoup de gens qui logent là-bas. Donc, on sait réellement, qui sont venus l’arrêter. Ma belle-sœur a même été giflée par un militaire. Comment on peut gifler une nourrice ? Mais c’est très grave ce qui se passe en ce moment dans ce pays. J’ai connu beaucoup de présidents depuis tout ce temps-là jusqu’à maintenant. Mais je n’ai jamais vu ce qui se passe en ce moment dans ce pays. Venir enlever quelqu’un, nuitamment. Mais ce sont eux-mêmes qui violent la loi qu’ils ont mise en place. Le monsieur n’est pas gardé, il n’est pas armé, il n’a que sa parole. Tout le monde sait qu’il a choisi la société civile alors que moi, j’ai choisi les affaires et la politique. Mais c’est son choix. Je ne peux rien contre ça.

Qu’est-ce que la famille sollicite aujourd’hui ?

On demande expressement qu’on nous disent au moins où se trouve notre frère. Est-ce qu’il est en vie ou qu’il n’est pas en vie ? Parce qu’on ne connaît rien aujourd’hui. Tout est possible dans ce pays-là. On a passé une nuit blanche. Je dis que personne n’a dormi. Les gens n’ont pas mangé depuis hier.

Vous avez vu les soutiens au niveau national et à l’international. Qu’est-ce que tout cela vous fait ? 

Nous voyons tout et nous remercions tout le monde. Les avocats. Ses amis, la société civile tout le monde. Mais l’attente devient longue. Les gens ont été kidnappés ici et on ne les a plus revus. L’autre fois, on l’a pris. Il a fait, je crois, quoi neuf mois en prison. Mais toujours, on savait quand même où était? Il était à la maison centrale. On gardait toujours l’espoir qu’un jour, il va sortir. Mais cette fois-ci, on ne sait pas où il se trouve. Est-ce qu’il vit ou il ne vit pas ? Donc il vaut mieux qu’aujourd’hui, avoir la situation claire avec les autorités. Parce que c’est elles qui sont en charge de garder les personnes et leurs biens. En tant que représentant de la famille, on ne sait plus où donner la tête.

Mais que fait la famille pour retrouver Fonike Menguè ou pour savoir où il se trouve ?

Mais honnêtement, qu’est-ce qu’on peut faire ? On est très faible. On ne sait pas qui tu dois voir. Aujourd’hui, tout le monde a peur. C’est une peur bleue. Tu ne sais même pas qui voir ? Tu vas demander qui ? C’est ça le problème ? Je crois que le pays n’a pas besoin que tout ça. On nous parle de Kassa, on nous parle de Palais Mohamed 5 dans le bunker là-bas. Mais personne ne sait où ils se trouvent aujourd’hui.

Un dernier mot ?

Ce qu’une autorité doit éviter, c’est un soulevement populaire. On peut tuer 20, 30 ou 100 personnes mais pas tout le peuple. Je crois qu’on ne peut pas tuer tout le monde. Ils ont plus besoin de la paix que d’autres choses. Parce que c’est eux qui ont le pouvoir aujourd’hui.

Source:Mosaiqueguinee.com 

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L'Equipe de la Rédaction