Loin des prétentions d’un donneur de leçons, l’évidence est que la volonté populaire des guinéens a été le facteur déclencheur d’un bouleversement implacable qui a concouru à l’effritement du système colonial français, dont les tentacules s’étaient foncièrement enracinés de plus de 60 années dans nos traditions et valeurs culturelles, symboles de nos civilisations originelles.
Pour mémoire, à l’ouverture de la session extraordinaire de l’Assemblée territoriale, le 28 juillet 1958, Sékou Touré, a dit à ses compagnons africains ce qui suit : ‘’Les territoires d’outre-mer en général et les peuples africains en particulier, ayant condamné le colonialisme et pour la France et les institutions républicaines ; entendent désormais se déterminer librement, s’administrer directement et gérer leurs propres affaires’’. ‘’Ils ne désirent plus siéger au sein du Parlement français, ayant leur propre Parlement’’ a-t-il poursuivi.
C’est avec la même conviction que le 25 Aout 1959 à Conakry, que Sékou Touré en sa qualité de Président du conseil de gouvernement de la Guinée française s’est adressé au Général DE Gaulle, alors Président du gouvernement de la République française. Il a défini la position de la Guinée par rapport à la proposition d’adhésion à la communauté française que tenait à cœur le Général DE Gaulle. ‘’Nous avons, quant à nous un premier et indispensable besoin, celui de notre Dignité. Or, il n’y a pas de Dignité sans Liberté……’’ La Liberté, c’est le privilège de tout homme, le droit naturel de toute société ou de tout peuple, la base sur laquelle les États Africains s’associeront à la République française et à d’autres États pour le développement de leurs valeurs et de leurs richesses communes’’.
On ne peut plus clair que la célèbre phrase ‘’Nous préférons la pauvreté dans la Liberté à la richesse dans l’esclavage’’ a été dite au nom de tous les peuples africains placés dans la position que le guinéen Sékou Touré défendait à l’époque.
Un cri de cœur dont le retentissement ne s’est limité qu’aux frontières du territoire de la Guinée durant deux ans, avant que son écho ne fasse tâche d’huile en 1960 dans les autres États, pourtant conscients de la justesse de la ligne politique affichée par le peuple de guinée, le 25 Aout 58 en disant ‘’NON’’ à la France.
La jeune République proclamée le 2 Octobre 1958, n’a fait aucun mystère de son courage et a continué à fasciner plus d’un témoin de l’histoire contemporaine de l’Afrique, alors sous le joug du système colonial français avec le label A.O.F.
Un Etat souverain qui a eu sa Devise, son Hymne national, sa monnaie et sa notoriété au sein des Nations Unies, où désormais l’homme guinéen avait son mot à dire sur les grandes questions politiques et économiques mondiales.
Sur ce plan, la République de Guinée a marqué l’histoire par ses prises de position et sa contribution à la recherche des solutions aux règlements de conflits, à l’orientation de l’humanité vers les meilleures approches de développement et du bien-être des Peuples.
Fidèle à sa vocation de liberté, la Guinée a, sans se décourager, également participé activement aux luttes armées de libération des peuples lusophones et mérite ainsi, reconnaissance et respect.
En célébrant le 60è anniversaire de son indépendance, après 60 ans de colonisation par le passé, il est judicieux pour la Guinée de s’interroger sur l’histoire et sur le présent quant à la réticence des autres peuples de destin :
Qu’est-ce qui s’est passé en 1958, pour que le ‘’NON à la Communauté française’’ ne se soit dit qu’en Guinée seulement ?
Et pourquoi jusque là, la date du 28 septembre 58 n’est pas vue par les anciennes colonies de l’A.O.F. comme une date historique et symbolique qui mérite d’être célébrée par cet ensemble géopolitique, pourtant fiers aujourd’hui d’être tous indépendants ?
Alpha Kabinet Doumbouya
Journaliste
Ancien DG de la