Crise guinéenne : »Il n’y a pas de démocratie sans les partis politiques »,(Kalifa Gassama Diaby)
Invité ce jeudi par nos confrères de FIM FM dans l’émission » Mirador » pour la parler de l’actualité guineenne notamment avec la crise qui secoue le pays depuis la prise du pouvoir par la junte militaire le 5 septembre dernier. Au cours de cette émission, l’ancien ministre de la Citoyenneté et de l’Unite Nationale Kalifa Gassama Diaby, reconnu par son franc parlé n’a pas manqué de rappeler aux autorités guinéennes, »qu’il n »y a pas de démocratie sans les partis politiques ». Une telle sortie de l’ancien ministre vient à point nommé quand on sait que le médiateur de la CEDEAO Dr. Boni Yayi sejourne en Guinée afin de désamorcer cette crise qui a trop durée entre l’ensemble des composantes de la société guinéenne et le CNRD. Lisez quelques extraits.
« A un moment donné, au-delà de l’amour que nous portons et que nous pouvons porter pour chaque guinéen et pour ce pays, on n’a pas envie de parler. Nous sommes un peuple enfantin, un pays qui se ridiculise. Parce que nous répétons les mêmes erreurs et les mêmes bêtises.
Ce qui m’a poussé d’écrire cette tribune, au-delà des coups d’Etat qui sont intervenus dans la sous-région et la problématique que cela pouvait imposer à nous, ce qui me marquait dans les différents commentaires qui se passaient surtout au niveau de l’élite et de l’intelligentsia de notre pays, c’est cette tentation qu’il y avait à théoriser une nouvelle façon de faire la démocratie avec une espèce de paresse et de malhonnête intellectuel. Et nous sommes installés dans une logique où il fallait théoriser la haine des partis politiques, de la liberté et celle de la démocratie.
Cela me préoccupait parce que si les guinéens l’ont accueilli comme ils l’ont fait le 5 septembre, ils ne l’ont pas fait parce qu’ils ont la haine des partis politiques et de la démocratie. Ils l’ont fait parce qu’ils ont pris le coup du 5 septembre comme une promesse certaine de liberté et de démocratie.
Et cette tentation intellectuelle, on la voit avec cette démarche qui nous théorise avec cette démarche impossible intellectuellement à faire de la démocratie sans les partis politiques et sans l’amour de la liberté. Et c’est une tentation totalitaire et c’est quelque chose qui nous guette. Il n’y a pas de démocratie sans les partis politiques, sans la liberté. On ne peut pas haïr la liberté et vouloir instaurer la démocratie.
C’est ce qui m’a amené à faire cette tribune. Et c’est pour alerter, pour faire en sorte que nos intellectuels occupent leurs places. Parce que nous avons besoin d’une réelle démocratie. Et je trouve que c’est insultant pour les peuples africains de penser que nous ne pouvons pas construire une réelle démocratie et qu’il faut aller dans une espèce de démocratie de cocotier. Si on veut la démocratie, on y met le prix. Sinon ce n’est pas la peine ».
Bountouraby Camara