Obsèques de l’ex-première Dame : quand la bien-pensance du fiel politique se joue de l’évidence de la légitimité maritale! (Par M.D. Camara).

Obsèques de l’ex-première Dame : quand la bien-pensance du fiel politique se joue de l’évidence de la légitimité maritale! (Par M.D. Camara).

Choqué par la vacuité de la polémique au sujet des obsèques de l’ex-première Dame de la République, Hadja Djènè Kaba Condé, amusé par l’indigence des arguments spécieux, utilisés opportunément pour saper tous les principes, notamment religieux, qui consacrent la prééminence des décisions d’un époux concernant les affaires de son épouse, je me donne la licence d’écrire le présent texte pour réaffirmer, avec force conviction, des valeurs auxquelles je suis viscéralement attaché. Aussi, est-il important de préciser que l’armature sémantique de ce texte ne vaut pas soutien à l’homme politique qu’est l’ancien président Alpha Condé, mais épouse fondamentalement la volonté légitime d’un mari éploré de définir la manière dont les obsèques de son épouse décédée doivent se dérouler.
Il y a lieu de rappeler, d’abord qu’Alpha Condé, à qui, j’adresse mes condoléances les plus émues, avant d’être porté à la magistrature suprême, était déjà l’époux de Hadja Djènè Kaba Condé. Et donc, devenu président de la République, il avait, ipso facto, par ses nouvelles fonctions, conféré à son épouse, le statut de première Dame de la République. Hadja Djènè Kaba Condé, aujourd’hui décédée, avait conservé ce statut jusqu’à la chute de son mari président, le 5 septembre 2021.
Ensuite, les nouveaux maîtres du pays, loin de s’être contentés d’avoir humilié le président déchu, le paradant dans les rues de la Capitale, sous les quolibets d’une foule en liesse, et en faisant circuler sciemment sur la toile les images dégradantes de son arrestation, se sont complu à mettre sous étouffoir les activités de la Fondation PROSMI ( gel des comptes de la Fondation, fermeture de ses locaux, suppression des contrats avec ses partenaires,…) de l’ex-première Dame dont ils veulent aujourd’hui vaille que vaille organiser les obsèques, en grillant la politesse à son mari évincé du pouvoir. À l’avanie de son époux déposé et rabaissé à sa plus simple expression, étaient venues s’ajouter des mesures punitives infligées à une dame œuvrant pourtant pour les actions humanitaires, et dont le seul crime était d’être associée à Alpha Condé par les liens sacrés du mariage.
Et puis, le cynisme, enchâssé dans les humiliations itératives, atteint son paroxysme quand survient le décès, à Paris, de l’ex-première Dame de la République. Là encore, le CNRD, au lieu de faire résonner la grandeur et la hauteur d’esprit, dans la pure tradition africaine, en cette douloureuse circonstance, a, une nouvelle fois, manqué l’occasion de taire les ressentiments qui assaillent les entrailles d’un pouvoir qui, par ses méthodes et actes, devient de plus en plus arrogant et clivant. En témoigne, le communiqué dont se fend, pour l’occasion, le CNRD. Dénué de toute compassion à l’égard du veuf Alpha Condé, superbement ignoré, ce fameux communiqué transpire d’une inélégance et d’un manque de classe affligeants.
Une humiliation de plus, une humiliation de trop pour un homme déjà meurtri qui, aux yeux de la religion et des hommes, et malgré les tribulations d’une réalité conjugale, loin d’être idéale, à bien des égards, est resté le mari de la désormais regrettée Hadja Djènè Kaba Condé. Ceci dit, je n’ai jamais aimé les actions d’Alpha Condé comme président de la République, ni comme époux, mais je trouve scandaleux qu’on dispute à un époux éploré le droit d’organiser comme il l’entend les obsèques de sa défunte épouse. Je me permets de rappeler que ce n’est pas le statut de première dame (intimement et indissociablement lié à celui de son époux), qui détermine la nature des obsèques de celle-ci, mais bien la volonté de sa famille, et au premier chef, celle de son époux à qui, il revient raisonnablement la légitimité de décider ce qu’il y a lieu de faire concernant la dépouille de son épouse. Donc, le CNRD qui a doublement humilié Alpha Condé, et gelé les comptes de l’ex-première Dame, n’a aucunement le droit de s’opposer à la volonté du président déchu, si ce n’est pour faire du cynisme. Certes, les relations entre Alpha Condé et sa défunte épouse n’ont hélas pas été idylliques ( les délices et les tourments dans un couple expliquent la complexité des relations sentimentales. Au demeurant, cela relève après tout, de la vie privée). Mais cela, nonobstant cet état de fait, ne doit servir de prétexte à personne pour disputer à Alpha Condé, encore moins lui dénier la légitimité de définir souverainement le programme des funérailles de son épouse. D’ailleurs, Hadja Djènè Kaba Condé, de son vivant, n’avait jamais voulu que son époux fût humilié. N’étant plus de ce monde, je ne vois pas pourquoi il en serait autrement pour celle qui fut une épouse résiliente, humble et respectueuse, notamment à l’égard de son mari président, avec qui, elle ne formait pas, il est vrai, un couple glamour.
Je sais, au demeurant, qu’il est de bon ton, en Guinée, de fouler au pied, les valeurs et les traditions qui nous définissent, de tordre le coup à la vérité, de charcuter l’évidence, pour complaire au chef du moment, pour condescendre aux diktats des décideurs temporels, dans le seul dessein de conserver des intérêts et autres avantages fugaces, surtout pour ceux qui savent opportunément sécher leurs linges là où brille le soleil, mais je vous saurais gré de ne point oublier ceci: ‘’le mal est comme une goutte d’urine qui retombe toujours sur les pieds de celui qui se soulage ‘’.
Vive le respect de nos traditions.
Mohamed Djibril Camara

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L'Equipe de la Rédaction