Mohamed Traoré : ‘’Une justice qui se laisse instrumentaliser ne peut jouer le rôle qui est attendu d’elle’’

Mohamed Traoré : ‘’Une justice qui se laisse instrumentaliser ne peut jouer le rôle qui est attendu d’elle’’

L’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats de Guinée trouve fondée la décision du Barreau de Guinée d’organiser une journée sans audience, ce lundi 15 mars pour dénoncer l’ingérence de l’exécutif dans le judiciaire, notamment dans le traitement des dossiers impliquant certains acteurs politiques et de la société civile.
Maitre Mohamed Traoré estime que la tenue du procès du 28 septembre et la création de la CRIEF ne suffisent pas pour qualifier la justice guinéenne.
‘’L’organisation du procès relatif aux événements du 28 septembre 2009 et la création de la CRIEF ne constituent pas en soi une avancée de la Justice. Au prime abord, on peut raisonnement penser que ces deux actes s’inscrivent dans le cadre de la volonté des autorités de la transition de lutter contre l’impunité en particulier par rapport aux cas de violations graves des droits de l’homme et de crimes économiques. Mais ils (ces actes) pourraient cacher également d’autres considérations éloignées des discours publics’’, fait-il remarquer.
Selon lui, ‘’la véritable avancée dans le secteur de la justice résidera dans la manière dont les dossiers seront traités devant le tribunal criminel chargé de juger les accusés dans le dossier du 28 septembre et la CRIEF. Mettre en place un tribunal et organiser un procès constituent certes des actes à saluer’’.
‘’On pourrait dire que c’est l’expression d’une volonté politique, ce qui a cruellement manqué au régime précédent. Mais ce n’est pas suffisant pour affirmer que la justice a fait sa mue et a changé positivement’’, ajoute Me Traoré.
Le conseiller national assure que ‘’la justice doit être jugée à l’œuvre et non en se fondant uniquement sur la création d’un tribunal et la tenue d’un procès. Il existe des critères précis et pertinents pour apprécier la qualité d’une justice. On peut citer au nombre de ces critères, l’indépendance des juges qui se traduit par la capacité de ces derniers à résister à toutes les formes de pression qu’ils peuvent être amenés à subir. Une justice qui se laisse instrumentaliser ne peut jouer le rôle qui est attendu d’elle’’.

Il affirme que ‘’le refus par les magistrats (siège et parquet) de toute forme d’instrumentalisation constitue un critère objectif d’appréciation de la qualité d’une bonne justice’’.

VisionGuinee.Info

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L'Equipe de la Rédaction