Le pire est que parmi les treize bacs perdus se trouvaient les 11 bacs contenant tout le stock d’essence et le seul bac contenant le kérosène pour les avions. Ainsi, au terme de la tragédie, il ne reste que quatre bacs contenant du gaz-oïl et un bac contenant du HFO pour les centrales.
La catastrophe s’est soldée par la perte de 23 vies humaines, 241 blessées et des dégâts matériels conséquents qui ont surtout impacté les concessions de Coronthie et les immeubles du voisinage.
Nous implorons la grâce divine pour l’âme de nos chers disparus et exprimons notre sincère compassion pour tous les blessés et les impactés.
Il est heureux que les secours se soient mobilisés assez rapidement dès une heure du matin sous la houlette d’un comité gouvernemental de crise et que le Chef de l’État ait décrété trois jours de deuil à la mémoire de nos disparus.
À savoir : la Baraka, la Résilience et la Solidarité.
La première de ses valeurs est la BARAKA qui a circonscrit la catastrophe. En effet, cette Baraka a fait que la tragédie est intervenue la nuit vers zéro heure, un moment où le centre-ville s’était vidée de sa population et lac circulation était quasiment inexistante.
Si cette tragédie avait eu lieu la journée, les dégâts auraient été colossaux.
En effet, les dépôts sont logés dans la presqu’ile de Kaloum, un bout de terre exiguë qui ne fait que 600 ha et 15 km de périmètre. La circulation y est très dense avec des pointes de 4 000 à 6 000 entrants par heure dans la presqu’île dont le tiers emprunte la corniche passant devant les dépôts d’hydrocarbure qui vient de bruler.
Centre névralgique du pays grouillant du monde de 7h du matin à 21h, une explosion en plein jour et qui ferait consumer tant de litrages de Carburant 40 000 m³ aurait créé une panique dont les dégâts matériels et humains auraient été inestimable, de même si la tragédie avait eu lieu au moment le vent soufflait fort sur la presqu’île le feu se serait propagé presque instantanément sur toute la presqu’île, voire jusqu’au-delà.
Remercions le Créateur que la Baraka ait fait survenir cet incendie de nuit sans être accompagné de vent et ait donné une certaine chance à notre capitale et à notre pays de se relever.
Résilience dans tout autre pays.
Une tragédie qui attaque à la fois de produits inflammables situés à moins de 200 à 300 mètres des habitations, même de nuit, aurait pu se solder par un tourbillon de panique, d’attaque et même de règlement de compte de la part de personnes mal intentionnées, pour qui se rappelle ce qui est arrivée au Congo-Brazzaville 11 mars 2012 et dans l’enceinte du port de Beyrouth 4 août 2020.
On comprendra que dans leur grand désarroi, les populations riveraines du dépôt qui a pris feu ont fait preuve d’un remarquable sens de résilience, ceci démontre à quel point les épreuves les plus imprévisibles sont capables de révéler des qualités extraordinaires de stoïcité d’une population qui a su prendre la mesure du drame et s’orienter avec l’aide des secouristes vers les zones de replis. Peu de population aurait eu une telle attitude de grand stoïcité.
Solidarité
La tragédie de l’incendie du dépôt de carburant, loin de fissurer le tissu social, a au contraire révélé l’extraordinaire capacité des guinéens à se donner la main pour venir en aide aux populations impactées dans un élan de générosité. Ceci prouve que les guinéens quelque part tiennent à traduire en acte concret le troisième thème de leur devise, la solidarité.
Il est en effet merveilleux de constater le flow de personnes de bonnes volontés qui ont effectué des dons de diverses natures pour soulager et épancher le sinistre qui s’est abattu sur nos compatriotes affectés. Il est même étonnement admirable de noter que même les bureaux qui ont été éventrés non pas subit d’attaque de malfaiteurs.
C’est cette Guinée faisant preuve de tant de dignité et de profondes valeurs humaines en cette période difficile que nous devons avoir à cœur de solidifier et de perpétuer.
Cette Solidarité doit aller au-delà des personnes impactées à Conakry, car les conséquences de la tragédie touchent tout le pays et mettront du temps à être résorbé. Nous devons penser aux petites mains, aux populations rurales, à ceux dont le rôle est de donner à manger aux populations et aux déshérités.
Il en est ainsi des pêcheurs artisanaux qui travaillent dans les 284 débarcadères situés le long de nos côtes et qui auront de la peine pour aller pêcher en mer pour approvisionner les populations.
C’est aussi le cas des milliers de paysans dont les cultures sont à un stade où tout arrêt de travaux agricole (culture pomme de légumes, aviculteurs, etc.) compromettrait définitivement les récoltes futures et leurs revenus, c’est aussi le cas de ces milliers de femmes et d’hommes qui se rendent quotidiennement dans le marché forain pour procéder aux échanges et approvisionner les différentes localités et marchés du pays.
C’est enfin le cas de toute catégorie de personnes surprises brutalement par cette tragédie et dont l’arrêt du déplacement ou de l’activité risque d’avoir des répercussions négatives et irréversibles sur leur parcours.
Nous devons aussi approfondir opportunément la solidarité internationale en demandant à la Cedeao de lever les sanctions financières pour que les pays voisins puissent nous fournir provisoirement du carburant sous forme de transit, c’est-à-dire en suspension de Taxes.
Continuons donc à approfondir et élargir l’élan de solidarité sur tous les fronts pour que les impacts soient de moins en moins ressentis en attendant que des solutions durables soient trouvées et que le pays tire les grandes leçons qu’il faut de cette amère tragédie. C’est à ce prix que les guinéens donneront la preuve qu’ils sont comme une vraie famille, autrement dit, comme les branches d’un arbre qui vont dans toutes les directions, mais qui proviennent d’une même racine
En gratitude au créateur pour avoir maîtrisé ce drame, redoublons d’efforts dans les prières et la solidarité pour renforcer nos énergies en 2024 pour créer plus d’aisance dans les familles et contribuer au développement d’une Guinée pacifique et résiliente qui surprendra le monde.
Kabiné KOMARA
Ex-PM