Le CNRD ou l’art de se compliquer la vie ! (Par Mohamed Bangoura)

Le CNRD ou l’art de se compliquer la vie ! (Par Mohamed Bangoura)

Si vous expliquez la stratégie du CNRD à quelqu’un et qu’il vous dit qu’il a compris, c’est que vous avez mal expliqué.
En effet, s’il existait un parcours universitaire de la confusion, de la maladresse, des erreurs de communications, des décisions inutiles et improductives sinon contre-productives, le CNRD serait déjà titulaire d’un Doctorat et serait en route pour l’Agrégation. Vous voulez qu’on vous explique pourquoi ? Suivez :
Arrêtons-nous juste sur les rapports de cette junte avec la classe politique réunie autour du FNDC et des forces vives de Guinée. Quand on analyse un par un les quatre points de revendications pour lesquelles cette plateforme décide d’organiser des manifestations, on peut facilement constater qu’il n’y aurait aucune difficulté à les évacuer et éviter ainsi d’entretenir la crise actuelle.
La fin du harcèlement judiciaire
La question du harcèlement judiciaire est sans doute la plus simple puisqu’il n’est pas demandé au CNRD d’abandonner les poursuites judiciaires mais plutôt de permettre à ceux qui sont détenus de comparaître libres devant les juges. De la même manière que le CNRD a fait libérer des dizaines de prisonniers sans s’embarrasser de procédures le lendemain du 5 septembre 2021, pourquoi ne pas le faire maintenant alors que la paix sociale est plus que jamais menacée ? Personne ne peut convaincre l’opinion publique qu’un procureur aussi chevronné que Aly Touré n’a pas suffisamment de sens de l’État et de la paix sociale pour s’interdire de faire appel des décisions qui avaient mis la plupart de ces prévenus en liberté. S’il s’entête à les maintenir en prison c’est qu’il en aurait reçu l’ordre. Au-delà des aberrations juridique et judiciaire que leurs avocats ne cessent de dénoncer, quel est l’intérêt supérieur à la paix sociale, à la crédibilité de la Justice et à la sérénité de la transition, qui justifie le maintien en prison de Kassory, Fonikè Menguè, Damaro, Diané, Ibrahima Diallo, Oyé et autres plutôt que sous contrôle judiciaire ?
L’organisation du dialogue inclusif
Depuis le 21 mars dernier, le Premier Ministre Bernard Gomou a démontré que le Gouvernement était capable de discuter avec la plateforme des Forces vives de Guinée. Ce qui semblait impossible quelques jours auparavant s’est tenu, certes grâce à la médiation des religieux (mais ces derniers sont toujours disposés à la médiation) alors pourquoi ne pas continuer ? Une chose est sûre, ce dialogue ne pourra pas aboutir à changer la durée de la transition. Elle a déjà été validée par la CEDEAO et le chronogramme aussi. Le CNRD n’a donc pratiquement rien à perdre à dialoguer avec ceux qui étaient absents aux premières rencontres avec la classe politique.
La levée de l’interdiction des manifestations
Si les deux premiers points sont satisfaits, cette troisième revendication disparaît d’elle-même puisqu’il n’y aura plus rien à revendiquer et donc aucun motif à manifester.
L’arrêt de la violation du code des marchés publics
En toute sincérité, de quels moyens dispose la plateforme FNDC-FVG-ANAD-RPG pour empêcher le CNRD de conclure les contrats qu’il veut, avec qui il veut et aux conditions qu’il veut ? D’ailleurs, sur ce point précis, à moins de reconnaître publiquement qu’il a délibérément choisi de violer les règles des marchés publics, n’importe quel gouvernement déclarerait être d’accord avec cette revendication et se serait engagé à être plus vigilant. Ce point de revendication est sans doute le plus simple à évacuer.
Qu’on se le dise donc et qu’on se le répète ; dans l’art de chercher des problèmes là où il n’y en a pas, personne ne fera mieux que le CNRD !
Mohamed Bangoura

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L'Equipe de la Rédaction