Après vos cent jours et quelques semaines à la tête du Ministère des Mines et de la Géologie, je vous écris cette lettre pour solliciter des éclaircissements sur votre approche des questions minières. Votre prédécesseur n’a jamais délivré de permis, donnant souvent des injonctions pour l’arrêt des travaux sur les sites miniers. Je m’interroge donc sur la continuité ou non de cette approche.
En tant que journaliste d’investigation et analyste des questions minières et environnementales, je constate que le Centre de Promotion et du Développement Minier (CPDM) reste toujours fermé à la délivrance des permis de recherche. De nombreuses demandes de permis d’exploitation continuent d’être transmises à votre cabinet en attente d’obtention de décrets. Cela freine l’avancement de nombreux projets et soulève des inquiétudes quant à la dynamique que vous comptez instaurer au sein du ministère.
De plus, le laboratoire chargé des analyses des produits miniers, tels que l’or et la bauxite, semble encore dysfonctionnel, obligeant les sociétés à envoyer leurs échantillons au Mali pour analyses. Malgré cela, des étiquettes estampillées du département des mines sont appliquées, laissant penser que le travail est effectué localement. Cette situation pose un problème de transparence et d’efficacité dans la gestion des ressources minières.
Depuis votre prise de fonction, il est rapporté que plus de 130 sociétés minières semi-industrielles et industrielles sont à l’arrêt depuis plus de deux mois dans la préfecture de Siguiri. Parmi elles, une société est à l’arrêt depuis plus de quatre mois, tandis que d’autres continuent leurs activités avec une grande destruction de l’environnement, tout en étant en litige avec les véritables propriétaires des permis.
Monsieur le Ministre, arrêter les activités d’une société minière met en péril des milliers d’emplois, exposant ainsi les travailleurs au risque de chômage technique. Le code minier guinéen est pourtant clair quant aux procédures à suivre pour la suspension des travaux et la continuité des activités minières. Il est crucial de trouver un juste équilibre entre la protection de l’environnement et le maintien des emplois dans les zones minières.
Je vous encourage à recevoir les sociétés en litige, que ce soit entre elles ou avec d’autres structures de l’État, afin de mieux cerner les différends et de les résoudre de manière équitable. Ces conflits miniers sont une réalité que vous avez héritée, et il est dans l’intérêt de tous qu’ils soient résolus rapidement.
Enfin, je me permets d’attirer votre attention sur la situation particulière de la société AMR, dont les activités sont suspendues depuis plusieurs mois malgré des décisions de justice en sa faveur. À Kindia, la société Fako Resources a remporté un procès contre Ashapura, mais une demande d’arrêt des travaux a été faite en faveur d’Ashapura, mettant encore une fois en cause la légitimité des décisions judiciaires.
Monsieur le Ministre, vous avez occupé des fonctions clés dans l’administration minière pendant plus de 12 ans sous le régime d’Alpha Condé, ce qui laisse supposer que vous êtes bien au fait de ces dossiers complexes. Il est urgent de régler ces différends afin d’éviter des chômages techniques et la cessation des contrats des employés des sociétés concernées.
Dans l’attente d’une réponse de votre part, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de ma considérationdistinguée.
Ibrahima NDiaye
Journaliste d’investigation et Analyste des questions minières et environnementales
Tel: 664239990