Makalé Traoré, 65 ans après l’indépendance de la Guinée : ‘’Nous sommes très riches, mais nous sommes pauvres’’

Makalé Traoré, 65 ans après l’indépendance de la Guinée : ‘’Nous sommes très riches, mais nous sommes pauvres’’
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Dr Makalé Traoré, puisqu’il s’agit d’elle, a confié à l’assistance que ‘’la finalité de toute construction identitaire concourt au bien-être de la population à travers la satisfaction des préoccupations et des besoins des populations. Construire une identité guinéenne, nous assumer en tant que guinéens ? Ces préoccupations peuvent se résumer en cinq mots : se nourrir, se loger, s’instruire, se soigner, se déplacer’’.

‘’Est-ce qu’aujourd’hui, pour la construction de notre identité guinéenne, nous avons pu, dans notre parcours de 65 ans, répondre à ces préoccupations ?’’, s’interroge-t-elle, avant de répondre : ‘’Le premier régime n’était pas en marge des préoccupations des populations. Ça peut-être un débat. Mais lorsque l’on écoute ceux qui ont vécu cette période, on en arrive à se rendre compte que les préoccupations étaient prises en compte beaucoup plus que les années qui ont suivi’’.

Évidemment, renchérit-elle, ‘’nous sommes riches de notre pauvreté. Nous sommes très riches, mais nous sommes pauvres. Je suis anti-macroéconomique. Je crois plus à la microéconomie qui renvoie au panier de la ménagère. Parce qu’on a besoin de petit-déjeuner le matin, de déjeuner à midi, de dîner le soir et s’occuper des enfants.

Dans cette escalade, selon Dr Traoré, ‘’quatre groupes ont vraiment souffert dans notre tentative de notre construction de notre identité. Il s’agit des jeunes, 70% de la population, mais aujourd’hui, qui souffrent le martyr. Il est vrai qu’il y a des efforts, mais les jeunes restent largement à la marge de notre croissance et de nos richesses. La deuxième catégorie qui souffre de cela, ce sont les femmes. Les femmes qui sont très tôt debout, très tard couchées. On ne les ouvre pas les perspectives pour bénéficier d’une croissance. Puis, il y a les zones rurales qui souffrent du manque d’infrastructures. C’est vrai qu’on voit ces derniers mois un effort important là-dessus, mais le fossé reste encore très grand’’.

‘’Pour nous assumer en tant que guinéens, je pense cela passe par la place que nous donnons aux enseignants dans notre pays. J’ai pu personnellement me rendre compte de la bravoure de nos enseignants. Malgré eux, ils sont déshumanisés. Lorsque j’ai commencé à enseigner à l’université, j’ai renoncé pendant 10 ans à l’enveloppe qu’on voulait me donner. Je l’ai fait gratuitement, parce que c’était tellement insignifiant que je me demandais comment les professeurs d’université font alors que les étudiants viennent richement en voiture. Et cela développe un complexe qui impacte la qualité de l’enseignement’’, souligne-t-elle à titre d’exemple.

‘’La deuxième chose pour nous s’assumer, je pense que cela passe par la dépolitisation de l’environnement de l’enseignement. Aujourd’hui, nos enfants entrent très vite dans la politique. Parfois, sans être formés et sans avoir une compétence professionnelle et même sans avoir fini le cycle universitaire. C’est un problème pour l’avenir de notre pays’’, estime-telle.

Dr Makalé Traoré pense qu’il est temps de ‘’réfléchir à l’idée que des recteurs soient élus au lieu d’être nommés. C’est une réflexion que je mets à votre disposition. Nous assumer en tant que guinéens passe par la valorisation de nos fils et filles qui ont donné de leur savoir, leur engagement pour le rayonnement de notre pays (…). Ce qui est gênant, c’est de voir que nos écoles portent le nom parfois de personnes dont on ignore, qui n’ont pas toujours rendu service à la race noire’’.

Visionguinee.info

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L'Equipe de la Rédaction