L’homme qui était souvent absent du pays, grand voyageur, est décédé au cours de l’un de ses déplacements à Paris où il avait ses habitudes, aimait passer du temps, notamment au Drugstore qui est une des places qu’il a aimées fréquenter avec assiduité et volupté. On meurt souvent là où on s’est le mieux senti, là où on a plus aimé vivre parmi les gens qu’on porte dans son cœur, vraiment.
J’ai une pensée émue pour Kassory Fofana dont il fut l’alter égo, l’ami proche et soutien indéfectible. Tous les événements de la vie des Hommes, la plupart du temps, marqués au fer rouge des difficultés qui persistent que d’être empreints de la saveur du bonheur, rappellent qu’ici bas, on a tous vocation à souffrir, on ne peut se prévaloir de rien ni se fier à nos instincts pour espérer survivre, échapper à une fin programmée d’une inéluctabilité certaine. Je ne fais plus aucun pari sur la vie, cède à la tentation de croire que le seul horizon qui s’offre à tous, la destination certaine pour chacun, est déesse mort. Je fais appel à toute la force de ma foi pour continuer à espérer, vivre chaque instant qui se présente dans un moment compté. Je ne peux plus sourire que de l’insouciance d’un bonheur apparent, de l’orgueil d’un privilège illusoire. Que fait courir tant les hommes ? Pourquoi, voudraient-ils se sentir forts alors qu’ils ne sont même pas maîtres de leur propre vie, sont tributaires de la mort qui rôde autour de chacun, s’invite dans le quotidien de tous ?
Salifou Camara fut un homme fort, animé de courage et de détermination, que l’adversité exaltait, l’amitié engageait, la passion faisait vivre et avancer vers de grands sommets. Il a fait de toute sa vie un combat avec des victoires glanées ça et là qui honorent sa mémoire et immortalisent son œuvre qu’on rappelera dans un florilège d’hommages et dans des actes de reconnaissance merités. Super V n’est pas un nom de baptême mais le marqueur d’un esprit combatif et d’une âme de vainqueur. Jusqu’à son dernier souffle, Salifou Camara n’a pas été homme à s’avouer vaincu. Il s’est toujours refusé à abdiquer, il ne s’est couché pour personne, il a été, tout le temps, jusqu’au bout de tout ce qu’il a décidé et entrepris parce qu’il ne fait rien à moitié et n’aimait pas s’arrêter à mi-chemin ni faire défection. C’était un homme entier et d’une constance certaine dans les amitiés comme dans les adversités. C’était un partisan du tout ou de rien, même s’il était capable parfois de compromis qui soit en phase avec ses convictions et les principes, chers à son cœur.
La mort n’est pas un point final, c’est le début du commencement de quelque chose de diffus et confus qui échappe à l’intelligence humaine, sonde l’inconnu, ne trouble pas la paix de la nature, jalouse de ses mythes et mystères.
Salifou, tu nous manqueras avant la prochaine rencontre.
Tibou kamara