Justement, après la cérémonie de ce grand évènement, le premier panel était axé sur la thématique « période de transition : comment faire du secteur privé, le principal levier de croissance ? ».
A tour de rôle, les panélistes, chacun avec ses arguments, s’est exprimé sur le sujet en expliquant que le secteur privé peut, à la fois être pourvoyeur de l’emploi en période de transition, mais aussi être un levier de croissance.
Prenant la parole à cette occasion, l’ancien premier ministre Kabiné Komara a affirmé qu’en période de transition, autant on doit aller vers les élections, autant on doit créer les valeurs pour faciliter la vie à la population ; donc, le secteur privé occupe une place importante.
Ci-dessous, extrait :
« Quand il y a une transition, sachez toujours que ça s’accompagne par des incertitudes. Ces incertitudes qui sont de plusieurs ordres touchent à la fois le secteur public et le secteur privé. La première chose, c’est l’insécurité. Est-ce que les investissements que j’ai en tant qu’investisseur sont sécurisés ? Est-ce qu’on ne va pas les attaquer et les détruire ? C’est la première préoccupation. Donc, le régime qui se met en place doit absolument prendre des dispositions pour protéger les actifs et les investissements qui sont là parce que, s’ils sont attaqués et détruits, pour redémarrer, ça va être extrêmement difficile. Le deuxième aspect, c’est la sécurité juridique. Très souvent, quand les nouveaux gouvernants viennent, ils doutent de tout ce qu’ils trouvent sur place. On remet en cause les contrats, on veut tout renégocier ; ça décourage ceux qui ont déjà investi. Le troisième élément, c’est le fait que les gens veulent absolument tout renégocier parfois. On se demande pourquoi tu as eu ça, pourquoi et pas quelqu’un alors que, parfois, il y a un appel d’offres régulier. Dans cette situation, que doit faire le secteur privé ? Il ne faut pas croiser les bras et dire qu’il y a les nouvelles autorités, c’est une transition. La transition va souvent, chez nous, avec la politique, mais elle n’est pas que politique. La transition a deux pieds, le peuple doit vivre, doit manger, doit se déplacer ; donc le gouvernement doit faire fonctionner tout ça en même temps qu’il doit mettre en place les organes de la transition. Autant on doit aller vers les élections, autant on doit créer les valeurs pour faciliter la vie à la population. C’est là que le secteur privé a son rôle extrêmement important. Et pour que cela le soit, le privé doit s’assurer qu’il ait l’accalmie. Partout où les politiciens peuvent mettre le feu, vous devez tout faire pour les convaincre qu’il n’y ait pas de feu étant donné qu’on sait comment les choses comme ça, on sait comment ça commence, mais on ne sait pas où ça fini. Si vous arrivez à faire ça, vous verrez maintenant le nouveau gouvernement en quête de ressources. Ils se disent automatiquement où sont les ressources ? On regarde les caisses de l’Etat, très souvent on dit qu’elles sont vides ; alors il faut les renflouer. On passe aux impôts, on passe à la douane mais souvent, on commet la grave erreur de hausser les impôts et la taxe. En le faisant, on fait subir au secteur privé un coup dur, un secteur qui n’est pas préparé à cela. Ça remet en cause leur capacité de viabilité économique. C’est là que le secteur privé doit très rapidement rencontrer les nouvelles autorités pour dire voici où vous nous avez trouvés, voici ce que nous vous recommandons. Et, si vous faites ça, voici ce que ça va créer comme conséquence. Il ne faut pas attendre que ça vous tombe dessus parce qu’après, c’est très difficile à réparer. En général, les régimes militaires ont beaucoup du mal à revenir en arrière sur les fautes. Plus vite vous irez vers eux pour expliquer vos problèmes, le mieux sera pour éviter le pire. Parce que, quand le pays est pacifié, il y a création de l’emploi, il y a des richesses ; c’est d’abord le régime le premier gagnant avant que ce ne soit vous les investisseurs. Vous devez leur démontrer que vous êtes leurs partenaires, vous n’êtes pas leurs adversaires. Ce partenariat se fait par anticipation, par les conseils et la formulation de propositions. Mais ces propositions, il faut les formuler de manière didactique, pas avec des impositions. Parce que les militaires ont souvent horreur des gens qui leur imposent des idées. C’est très important et c’est dans tous les régimes. (…). Ce que je demande, c’est l’anticipation, c’est le courage. Au-delà de cela, il y a, dans tous ces régimes, trois points qui menacent le secteur privé. Il y a d’abord la barrière administrative qui fait que le processus est très long ; la seconde barrière, c’est qu’il n’y a souvent pas de transparence et la dernière, c’est l’équité par rapport à la loi. Il faut que la justice soit la même pour tout le monde ».
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