Guillaume Hawing à propos des examens nationaux: « nous n’avons pas atteint nos objectifs qui étaient d’avoir plus de 50% d’admission » (Interview).

Guillaume Hawing à propos des examens nationaux: « nous n’avons pas atteint nos objectifs qui étaient d’avoir plus de 50% d’admission » (Interview).

Dans une grande interview qu’il a accordée à un en ligne, le Ministre de l’Enseignement Pré-universitaire et de l’Alphabétisation fait le bilan des examens nationaux. Dans cette première partie de ce grand entretien, Guillaume Hawing Junior dit ce qui a marché et ce qui n’a pas marché, évoque le nerf de la guerre, ce que les examens ont couté au budget de l’Etat mais aussi les leçons tirées. Enfin, le patron du MEPU-A se prononce aussi sur le dossier des enseignants contractuels.
nterview !
Bonjour Monsieur le Ministre ? Après la publication des résultats des examens nationaux, quel bilan faites-vous cette année ?
Guillaume Hawing : J’estime qu’il y a deux types de bilan. Le bilan par rapport aux résultats de l’année dernière et le bilan par rapport à l’objectif qu’on s’est assigné. Le bilan par rapport à l’année dernière est positif parce que nous sommes passés de 9% à 27%. Ça veut dire qu’il y a un progrès soit plus de 300% d’amélioration. Quand on parle de bilan en fonction des objectifs, nous dirons que nous n’avons pas atteint nos objectifs. Parce que notre objectif c’est d’avoir plus de 50% d’admission. Comme cela n’est pas atteint, il faut maintenir le cap. Il faut aller avec la même dynamique espérant que les années prochaines, nous réussirons à l’avoir, à atteindre l’objectif qu’on s’est assigné qui est celui d’avoir un pourcentage de plus de 50% d’admission.
Comparativement aux résultats de l’année dernière, êtes-vous satisfait ?
C’est satisfaisant comparativement à l’année dernière. C’est une précision qu’il faut faire mais les objectifs qu’on s’est assigné que tout parent d’élève, tout enseignant, tout gouvernement se fixe, c’est d’avoir au moins un nombre d’admis de plus de 50% c’est ça l’objectif. Nous n’avons pas encore atteint cet objectif. Donc pour nous, il y a encore du travail à faire. Il faut travailler, il faut redoubler d’efforts, il faut maintenir le même cap. Si nous avons pu quitter de 9% à 27% soit une augmentation de plus de 300%, ce n’est pas mauvais pour un début. Nous savons ce que nous avons fait pour être là. Nous allons continuer avec la même dynamique pour espérer réussir les années à venir avec 50%.

Quelles sont les leçons que vous tirez des examens nationaux de cette année ?
Très malheureusement jusqu’à présent certains n’ont pas encore compris, j’avoue très honnêtement, il y a eu plus d’enseignants éliminés que d’élèves. Nous avons 175 cas d’élimination dont 91 enseignants. C’est vraiment malheureux, nous avons compris que d’autres collègues enseignants n’ont pas encore compris, mais aussi d’autres élèves. Il vous souviendra que l’année dernière plus de 500 téléphones ont été saisis; cette année, on n’en a même pas 200, ça veut dire que les élèves commencent à comprendre. Aujourd’hui, notre problème en réalité c’est au niveau de certains enseignants. Ce que je peux vous rassurer, le changement ce n’est pas facile, ce n’est pas du tac au tac, nous sommes aussi des humains. Mais nous allons nous battre autant que faire se peut pour pour que les gens s’alignent, qu’ils comprennent que le combat que nous sommes en train de mener n’est ni contre Paul, ni contre Pierre mais c’est pour le pays. Donc nous avons rencontré ces cas, nous avons aussi rencontré des cas de violence. Du côté de Siguiri où certains se sont servis des armes blanches pour blesser ceux qui faisaient correctement leur travail. Nous sommes en contact avec la dame victime d’agressions, nous parlons, moi personnellement je parle avec elle, nous discutons, nous avons fait ce que nous avons pu faire, les dispositions avaient été prises, elle s’est rétablie tout va bien. Nous avons aussi fait le constat des cas d’abandon des élèves qui toujours comptaient sur les fraudes, ils se sont rendus compte que ce n’était pas possible donc ils ont démissionné. L’année dernière, on avait enregistré 5 cas, cette année deux cas (…) C’est aussi bien parce que tout ce qu’on ne mérite pas ne nous appartient pas. Que de passer ou de se faire éliminer ou d’avoir son examen en comptant sur les efforts des autres, ils ont compris qu’il vaudrait mieux renoncer que de se faire éliminer. Donc nous avons saluer cela. Ce que nous avons réussi surtout avec ces examens, c’est la fuite des sujets (…). Nous avons toujours dit que quand il y a fuite de sujets, on ne peut plus compter sur l’effort personnel, on ne peut plus parler de la crédibilité des examens nationaux. Voici deux années de suite sans fuite de sujets. Pour nous, c’est une avancée très majeure. Ce que je peux vous promettre tant que le CNRD sera au pouvoir, il n’y aura pas de fuite de sujets, les enfants compteront sur leurs propres efforts. Ce que nous avons aussi apprécié, c’est qu’aujourd’hui qu’il plaise ou qu’il en déplaise, tout le monde sait que les élèves ont compris. A l’instant où je vous parle, allez-y dans les écoles, les élèves ont commencé à réviser partout. Je vois des vidéos des salles de classe qui sont remplies d’élèves mais dans le passé, ça ne se passait pas comme ça parce que les gens comptaient sur la fuite des sujets, sur les téléphones mais aujourd’hui ça ne se passe pas comme ça, tout le monde a compris qu’il faut travailler même dans les classes intermédiaires. Il y a une satisfaction, nous nous sommes dits que les gens ont compris et c’est ce que tout le monde recherche parce que l’école, c’est un centre d’éducation et d’instruction. Quand nous constatons que les enfants ont compris pour nous, nous commençons à réussir notre mission bien que nous ne targuons pas la satisfaction à 100% mais pour nous les gens ont compris.
Qu’est-ce qui n’a pas marché pour que les objectifs assignés ne soient pas atteints ?
Il est très difficile de se départir systématiquement des vieilles habitudes d’un coup. L’atteinte d’un objectif, c’est un processus de rectification continue, ce n’est pas comme un claquement de doigts. Jusqu’aujourd’hui, certains n’ont pas encore compris qu’il faut compter sur ses propres efforts. Quand un élève comprend et qu’il se met au travail, il redouble d’efforts, avec l’implication des enseignants des parents, je suis sûr et convaincu que les choses vont marcher. L’autre pan que nous sommes en train de rectifier, c’est ce manque criard d’enseignants à l’intérieur pays, c’est une réalité triste mais il faut en parler (…). De par le passé, les gens s’en fichaient que ça étudie à l’intérieur ou pas. Nous nous sommes dits qu’il faut refuser ça. Ces enseignants contractuels datent depuis 2018, ils bourlinguaient pour l’école guinéenne. Quand nous sommes venus, nous nous sommes dits qu’il faut sauver la face de l’école guinéenne, il ne faut pas voir le mal continuer sans résoudre, voilà pourquoi nous avons recruter ces enseignants contractuels, nous sommes en train de nous battre pour solutionner définitivement cette situation.

Puisque vous évoquez le cas des enseignants contractuels, ils ne décolèrent toujours pas contre l’autorité de transition qui aurait manqué à ses promesses. Que répondez-vous ?

Ce n’est parce que nous sommes dans le besoin qu’il faut recruter n’importe qui pour sacrifier l’avenir des enfants non. Nous avons un manque criard de près de 20.000 enseignants. L’État s’est dit qu’il faut solutionner cela en quoi faisant ? D’abord, il faut se rendre compte que tout ceux qui se déclarent être enseignants contractuels, est-ce qu’ils ont le niveau pour enseigner ? Quand on a le niveau pour enseigner, c’est la première des choses. La deuxième, est-ce qu’ils ont le diplôme ? La troisième est-ce qu’ils ont une fois servi en classe ? (…) Nous sommes sensibles à leurs problèmes, il faut quand-même trier, faire la part des choses sinon c’est compromettre l’école guinéenne. C’est ce que nous sommes en train de faire; voir qui sont apte; qui travaillent bien, définir certains critères. A l’instant, notre département, le département de la fonction publique, le MATD, nous sommes en train de travailler ensemble pour tracer une voie comment recruter ces enseignants contractuels pour le bonheur de l’école guinéenne ? Nous n’avons pas encore tirer une conclusion mais nous sommes en train de travailler et toute l’équipe est mobilisée. C’est une préoccupation pour tout le monde. L’éducation est au centre de la transition, c’est une préoccupation pour le premier ministre, tous les acteurs de la transition. L’année prochaine nous allons nous battre pour voir éventuellement comment on pourra résoudre et remédier ce manque criard d’enseignants.

N’y a-t-il pas de critères pour éliminer des enseignants contractuels ?

Non! Nous n’avons pas dit ça, c’est pourquoi je vous ai dit les critères sont définis. Quel est notre intérêt d’éliminer ces enseignants contractuels ? Ce sont des enfants de la Guinée qui a un moment donné ont mouillé le maillot pour l’école guinéenne. Je crois que quand les gens n’ont rien à dire ils se permettent de raconter du n’importe quoi. Ce que je peux vous assurer, nous sommes en train de travailler là-dessus pour trouver une solution de sortie de crises pour ne pas être confronté à la même situation que l’année dernière.

On va parler du nerf de la guerre, l’argent. Les examens nationaux ont couté combien à l’Etat cette année ?

L’année dernière, les gens étaient surpris de savoir qu’on avait que 45 milliards GNF et depuis qu’on a commencé à organiser les examens en Guinée, les primes des enseignants étaient autour de 400.000 et 500.000fg, 300.0000 même pour les surveillances. Quand nous sommes venus, nous avons augmenté de près de 50% au niveau de ses primes avec les 45 milliards GNF. Nous avons augmenté au niveau de tous les enseignants. Cette année, c’est la même chose, quand nous sommes venus parce que n’oubliez pas, c’était un échec considérable l’année dernière. Donc les choses ont explosé, donc nous sommes passés de 45 milliards à 55 milliards soit 10 milliards de plus. Parce que le nombre avait presque doublé. Ce qu’il faut noter et apprécier cette année c’est quoi ? C’est que nous avons augmenté de 45% les primes des superviseurs, de tous les superviseurs. Avant les chauffeurs n’étaient pas payés. Cette année, tous les chauffeurs du département ont été pris en charge et j’ai insisté à ce qu’ils soient tous pris en charge. Les 80% du montant des examens, c’est en délégation de crédit, ça veut dire quoi ? Il y a les IREs, les DPEs ainsi de suite avec des rubriques bien définies. Ils font le travail, ils justifient et ils nous remontent (…). A Conakry, le département ne gère que la correction des examens, le baccalauréat qui se fait ici parce que ça c’est national, le CEE est communal, le BEPC est régional, c’est le bac qui est national. Nous ne gérons que le bac. Tous le reste se gère à la base. Ils nous justifient et nous remontent. De l’année dernière jusqu’aujourd’hui les choses se sont bien passées. Nous n’avons pas rencontré de problème parce qu’une chose reste clair. Quand on s’amuse avec l’argent de l’État moi on me rencontre que sa route, ça c’est une évidence. Aujourd’hui, je peux vous rassurer que les remontées que nous avons, les justifs que nous avons tout se passe bien, nous n’avons pas ce problème au département.

Merci à vous Monsieur le Ministre !

Source;mosaiqueguinee.com

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L'Equipe de la Rédaction