La clé pour libérer la Guinée…

La clé pour libérer la Guinée…

La Guinée est un pays en ´déformation’. Pour être un pays en formation, il faut avoir compris que, l’Éducation est la clé de tout en Guinée. Le reste peut s’agréger autour d’elle. C’est partant de ce constat qu’on peut prétendre bâtir une Guinée nouvelle. Pour cela, il faut prendre le taureau par les cornes. « Des actes, rien que des actes », et trêves de bavardages et de palabres incessants. Au travail citoyens !
Par ailleurs, pris individuellement, si un être humain ou une société n’est pas capable de reconnaître et d’accepter ses faiblesses, il est peu probable qu’il/elle puisse s’améliorer et y remédier. Certes, cela peut faire mal de pointer du doigt ces faiblesses mais c’est le premier pas, pour espérer soigner une plaie. Le déni éventuel peut transformer en gangrène ladite plaie. Auquel cas, nous n’aurons plus le choix que de procéder à une amputation. ‘Aux grands maux, les grands remèdes.’
Dans les données statistiques officielles de l’UNESCO, en 2017, le taux d’alphabétisation des 15 ans et plus, était de 32% en Guinée. En 2000, ce même taux était à 29,70%. Soit une très faible progression de 2,30%, en 17 ans. Ce qui correspond à peu près au nombre d’années nécessaires, pour un individu d’atteindre le niveau de la licence universitaire.
Que faisaient les ´élites politiques’ en charge des destinées du pays durant ces 17 ans ?
Leurs propres progénitures étaient elles scolarisées dans les écoles publiques guinéennes laissées quasi à l’abandon ?
D’une plaie à une maladie, voire une pandémie contagieuse, nous ne pouvons malheureusement pas faire l’économie d’aborder l’ethnocentrisme, c’est-à-dire le racisme ethnique, similaire à la peste, qui sévit en Guinée. L’instrumentalisation politique à des fins douteuses de l’ethno-stratégie, j’ai presqu’envie de dire ´l’ethnie-stratégie ‘, tous partis politiques confondus, est révélatrice d’au moins une chose : L’incapacité des élites politiques et dirigeantes, de proposer un projet de société viable, et un programme politique, économique et social digne de ce nom. Cependant, pour mieux appréhender la complexité de la problématique ethnique de l’ethnicité en Afrique, et plus particulièrement en Guinée, il convient de se référer à trois périodes historiques que sont : le temps pré-colonial, la colonisation et la post-colonie.
L’ethnicité est-elle devenue une maladie contagieuse en Guinée ? À chacun d’y répondre, notamment les élites politiques.
Nul doute qu’il faut éduquer le peuple, afin qu’il soit éclairé, c’est dans l’intérêt de tous sinon la foule fera la Loi, et nous courons aveuglement vers un gouffre abyssal qui ne dit pas son nom. Précisons que la foule n’est pas le peuple, la nuance est de taille et importante. Le chaos guette et il n’arrive pas que chez les autres. Hélas ! À bon entendeur…
La politique, c’est anticiper le pire et œuvrer à l’empêcher.
Faisons donc, une mise en perspective historique afin de mieux aborder la sociologie guinéenne, et tenter de ressortir quelques éléments constitutifs et constituants de la Guinée d’aujourd’hui, celle du XXI ième siècle.
La colonisation arabe des pays africains.
Rappelons d’abord que les premiers envahisseurs de l’Afrique noire dont on a trace sont les arabes Almoravides, des guerriers musulmans, qui ont pris d’assaut le royaume du Ghana, regroupant notamment le Sénégal, le Mali, la Guinée et la Mauritanie actuels… Son essor se traduit par les riches mines d’or du sud, sources et origines de la prospérité de tous les royaumes à venir dans la région.
Actuellement, aborder la colonisation arabe des pays d’Afrique noire, avec son pendant d’islamisation des peuples d’une majeure partie de l’Afrique de l’ouest par exemple, donc inclus la Guinée, reste un sujet tabou. Un sujet qui suscite souvent des réactions épidermiques et réveille des passions tristes, soit par ignorance, soit un refus d’aborder ledit sujet avec raison gardée et des références historiques. Néanmoins, pour calmer les ardeurs excessives des fanatiques, soulignons que depuis Paul Valery : « Nous civilisations savons que nous sommes mortelles ». Le chercheur et écrivain sénégalais Cheikh Anta Diop nous édifie largement sur ses travaux de l’Égypte ancienne, disparue il y’a plus de trois mille ans avec des règnes dynastiques de pharaons noirs. Engloutissant avec elle, les religions et les dieux de sa civilisation. Des dieux qui étaient tout aussi puissants que celui des monothéismes. Rassurons également les tenants du racialisme, cette pseudoscience qui n’est que billevesée. Quant aux autres indigènes de la république, ces troupes combattantes avancées sur le front, qui déboulonnent des statuts au nom d’une lutte ‘décolonialiste’ benêt, recommandons-leur de contextualiser les évènements et faits historiques. Par ailleurs, en Afrique nous ne savons que trop bien que notre continent est le berceau de l’humanité, depuis la découverte de Lucy. Un nom à consonance bien africaine comme on peut le constater. Vous conviendrez qu’on a parfois envie de répondre : Ça nous fait une belle jambe !
Nous savons aussi que l’Afrique regorge de ressources, et son sous-sol contient plus de 40% des ressources mondiales. La Guinée étant ce scandale géologique et agricole, que nous connaissons. Mais seule une poignée d’hommes bénéficient des revenus liés à l’exploitation des ressources minières notamment, au détriment de la population.
Comment négocier les contrats miniers d’égal à égal entre cadres et experts guinéens avec les multinationales, si nous n’avons pas une formation de qualité, donc une éducation solide, pour former les guinéens qui vont défendre les intérêts du pays face aux experts chevronnés des partenaires de la Guinée ?
Plus généralement, avec la « mondialisation malheureuse » dont a accouché la mondialisation heureuse que les génies de la victoire du capitalisme sauvage nous avaient promis, nous assistons aux replis identitaires des peuples, la Guinée n’y échappe pas. On nous parle même d’une guerre de civilisation.
La colonisation française de la Guinée
L’exploration de la Guinée se fait autour de 1877, elle obtient le statut de colonie en 1891. Donc, après 67 années de colonisation par la France, c’est le 2/10/1958 qu’elle accèdera à son indépendance. Elle fut parmi les pionnières à ouvrir la voie des indépendances africaines. Cependant, depuis l’écrivain Amadou Kourouma auteur de l’ouvrage « Le soleil des indépendances », où la post colonie, le colon blanc avait cédé la place aux présidents tyrans noirs, parfois pire que le colon blanc, l’ouvrage conclura que les africains libérés du colon blanc n’auront obtenu en retour, qu’une carte d’identité. Les élites politiques actuelles ont elles fait mieux que celles des soleils des indépendances ?
À l’origine, la Guinée est un pays de culture animiste, devenue musulmane par islamisation des vagues successives d’assauts des peuplades arabes, notamment. On estime la répartition actuelle des religions des populations guinéennes à : 84,4 % de musulmans (essentiellement sunnites) ; 10,9% de chrétiens ; 2,7% de religions traditionnelles. La christianisation d’une partie des populations remonte à la période de cette colonisation française. Une christianisation par des prêtres usant d’une interprétation détournée d’une Bible qui soutenait l’infériorité de l’Homme noir, pour mieux l’asservir. La population actuelle (2021) de la Guinée est de 13.132.792 habitants.
Si, comme disait André Malraux : « La civilisation est une religion autour de laquelle s’agrègent tout le reste », alors la Guinée d’aujourd’hui est un pays à rattacher à la civilisation musulmane. La Oumma islamique. Ce qui est d’ailleurs le cas dans la coopération guinéenne avec les pays musulmans et arabo-musulmans. Canalisons toujours les passions et tachons de les contenir par la raison, et soulignons que les trois religions monothéistes ont cette particularité commune, où les adeptes croient que la leur est la meilleure. Tous des enfants d’Abraham mais que de sang versé au nom d’un Dieu qui n’a pas besoin de soldat pour le défendre, pour cause il est « tout puissant » à défaut d’être miséricordieux. Ces religions qui nous séparent même dans la mort. Le dire est-il une hérésie ?
Par ailleurs, la Guinée dans ce qu’on pourrait appeler, son ‘obsession’ de la colonisation-décolonisation, il n’en reste pas moins que, après 65 ans d’indépendance, elle est globalement, dans un échec notoire. Un État défaillant, une administration et toutes les institutions républicaines gangrenées par la corruption endémique, à tous les niveaux de la société. L’ONG Transparency international, une référence en la matière, classe la Guinée parmi les pays les plus corrompus au monde. Certes, des réussites individuelles existent, et quelles réussites !
Mais dans quel domaine peut-on parler de réussite collective en Guinée ? Aucun !
Face à cette obsession précitée et les ambivalences entre discours et actes posés, la réalité reflète bien souvent des paradoxes que nos contorsionnistes de politiciens ont l’art et la manière de tordre la réalité, pour enfumer le petit peuple. Tantôt on crie, voire on vocifère contre l’ingérence de l’ancien pays colonisateur, brandissant la souveraineté nationale, et le pointant d’un doigt accusateur de tous les maux, pour venir dès le lendemain faire des génuflexions au même pays. Demander de l’aide financière et de l’assistance militaire. Je te tiens, tu me tiens par la barbichette….
Est-il interdit de parler géostratégie liée au sol et sous-sol qui regorgent de ressources convoitées ?
Les élites politiques guinéennes sont-elles des complices consentantes du « grand marabout blanc », ou dorénavant du « grand shintoïste jaune » ?
En effet, de cette France-Afrique qu’on nous dit ne pas vouloir mourir, qu’en est-il de la Sinisation de la Guinée ?
Que dire de l’extraction sauvage aux méthodes mafieuses de la bauxite guinéenne par les multinationales, avec les dégâts monstrueux sur l’environnement et l’écosystème ?
Les fleuves et les cours d’eaux sont pollués pour des siècles, et certains détruits à jamais. Qu’en est-il de l’omerta sur des années de stockage de « boue rouge » (des centaines de milliers de tonnes) de l’usine d’alumine de Fria non traitées ?
Ne faut-il pas traiter cette boue rouge ou une éventuelle valorisation et une dépollution ?
À peine protégée par de simples digues, c’est une bombe à retardement qui rappelle la catastrophe d’éboulement et de déferlante de « boue rouge » qui est arrivée en Hongrie, il y’a seulement quelques années. Et, que dire de toutes ces mines sauvages à ciel ouvert, d’or et autres minerais, où des enfants déscolarisés par leurs parents, creusent la terre à mains nues pour quelques grammes d’or ?
À qui la faute de ces difficultés persistantes du colonisé à se détacher et prendre son indépendance réelle afin de s’affranchir une bonne fois pour toute de son « maître » , et être celui de son destin ?
Nous n’ignorons pas le syndrome de Stockholm !
Il y’a encore peu, n’avons nous pas assisté à une preuve magistrale de ce syndrome ?
N’était-ce pas Jupiter ( le président Macron) qui convoquait et recevait ses sujets (une ‘jeunesse africaine’ de son choix, triée sur le volet), au sommet « Afrique-France », sur ses terres de Montpellier ?
Qui sont ces jeunes ´leader’ ou ´influenceurs’ africains ?
Sur quels critères ont-ils été « sélectionnés » et choisis ?
Sont-ils réellement un échantillon représentatif de la nouvelle Afrique en gestation ?
D’une France-Afrique et ses dégâts qu’on dénonce sans cesse, il suffit donc d’inverser les mots pour tenir un sommet Afrique-France avec Jupiter. Certes, la langue de Molière est subtile mais de là à prendre des vessies pour des lanternes, il ne reste plus qu’un pas à franchir, il a été franchi à Montpellier. Le roi a reçu ses sujets dans sa cour, et ils en étaient flattés malgré les apparences houleuses des débats. Un théâtre de boulevard dont le metteur en scène est connu. Ils vous répondront nous sommes des pragmatiques, pure rhétorique. C’est le serpent qui se mord la queue. On tourne en rond dans un manège désenchanté.
Mettons au moins une chose au crédit du président Macron, celui d’avoir accepté une confrontation ouverte, dans un débat et des échanges avec une parole libre.
Peut-on en dire autant des chefs d’États africains, ces gérontocrates pour beaucoup d’entre eux ?
Souffriraient-ils une confrontation libre et direct avec la jeunesse de leurs pays ?
Celui de la Guinée renversé par une junte militaire, ne les traitait-ils pas de cabris qui sautillent, alors qu’ils réclamaient des tablettes numériques que lui-même avait promis de leur offrir ?
Des tablettes informatiques dans un pays où la couverture nationale en électricité n’excède pas les 34%, une population pauvre qui vit avec moins de 2 $/jour.
Il fait comment pour se connecter à internet à partir de sa tablette, l’étudiant du fin fond de la Guinée ?
Un papa promesse, et que de promesses non tenues. Une déception et une désillusion nationale !
À qui profite le crime ?
Il serait grand temps de sortir de ce qu’on pourrait assimiler à de l’hypocrisie et de la manipulation de petits politiciens et opportunistes en tous genres, au lieu de continuer ce petit jeu de dupes. Par ailleurs, en Guinée, nous aimons citer des exemples de réussites africaines comme le Rwanda du président Paul Kagamé, et avant cela celui de Jerry J. Rawlins du Ghana. Mais qu’attendons-nous pour faire autant, sinon mieux ?
Certes, l’ignorance est une des plaies de l’humanité mais le refus d’apprendre est pire. Au travail citoyens!
Rappelons au passage ces quelques travers de l’être humain, qu’un prétendant à la gestion de la chose publique doit avoir à l’esprit :
« Quand on a le ventre plein, on croit que personne n’a faim. »
« Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument. »
« L’esclave est un tyran dès qu’il le peut. »
Servir au lieu de se servir.
Parallèlement, rappelons également, Etienne La Boétie qui disait déjà au XVI ième siècle, dans son livre « Discours de la servitude volontaire », si le roi est roi c’est parce que nous le voulons bien. Il suffit de décider qu’il ne le soit plus pour qu’il s’écroule. La Boétie rajoute, soyez résolu de ne plus servir et vous voilà libre. Nous sommes donc responsable. Nous fabriquons nos propres tyrans. En Guinée nous en sommes des experts, nous élisons des présidents qui se comportent en roitelets, et cerise sur le gâteau nous divinisons le pouvoir. Le pays des demi-dieux…
L’histoire est têtue et se répète souvent. Mais qu’apprenons-nous de notre histoire en Guinée ?
En résumé, le responsable de la chose publique se doit d’être vigilant et exiger de sa raison, une discipline et une rigueur afin de prendre des décisions justes, dans l’exercice de ses fonctions. Il faut également savoir rendre son tablier à temps. Les garanties d’un État démocratique digne de ce nom sont des institutions fortes, notamment une justice indépendante comme boussole.
À moins de vouloir revenir à des États d’inspiration de la charte de Kouroukanfouga ou de l’empire Mandingue du temps du règne de Soundjata Keïta, les États modernes d’Afrique, en particulier la Guinée, semblent avoir choisi le modèle de démocratie occidentale.
La culture du pouvoir et de son exercice, selon le modèle occidental sont-ils adaptés aux cultures et aux réalités socio-économiques de la Guinée ?
A ceci, il faut rajouter qu’on ne peut pas inscrire dans une constitution que le pays est laïque (pas de religion d’État), et dans les faits laisser des pratiques d’un État théocratique s’immiscer dans la vie courante. Il faut choisir, où nous sommes dans un pays laïque ou alors nous sommes dans un État théocratique avec le choix d’une religion d’État.
Mais laissons les constitutionnalistes, les juristes et le législateur faire un travail de fond afin de nous proposer un modèle dit adapté à la société guinéenne. Il ne faut quand même pas se mettre à réinventer le fil à couper le beurre. Au travail citoyens !
En attendant les résultats de ces travaux de constitutionnalistes et ceux du Conseil National de la Transition (CNT), rappelons Montesquieu, qui disait que la démocratie repose sur deux piliers :
1-) La démocratie c’est la faculté de statuer. Il faut que les décisions soient prises.
2-) Il faut qu’il y ait une faculté d’empêcher, pour que celui qui statue n’abuse pas de sa position, pour aller trop loin et porter atteinte aux libertés individuelles. »
Ainsi, au delà des crises d’identités, d’ethnicités (et religieuses), des débats juridico-politiques (parfois des querelles Byzantines), nous savons et nous ne pouvons nier que, la clé de tout pour remettre la Guinée en marche vers le progrès et le développement, c’est l’Éducation.
À ce titre, ceux qui auront eu la chance de bénéficier d’une instruction pour comprendre cela, ainsi que les tenants et aboutissants d’un déficit de l’éducation, et qui sont appelés aux responsabilités dans ce pays sans œuvrer dans le sens de mettre en priorité celle-ci, sont coupables du marasme que vit la Guinée. En effet, quand vous avez le sentiment et la chance d’être libéré, vous vous devez d’œuvrer à libérer les autres. Cela ne se limite pas à mettre sa propre progéniture à l’abri, au chaud dans les grandes métropoles occidentales tant décriées, et à quel prix pour son propre pays qu’on est censé mener au progrès, et l’émancipation. « Le monde ne se limite pas à notre pas de porte, il faut aller voir plus loin ». Et, cette libération ne peut se faire que par l’acquisition des connaissances, donc de l’Éducation et de la culture. Il s’agit donc, de miser sur elles en investissant massivement et durablement.
Un pays se bâtit et se développe par les efforts des générations qui se succèdent, chacune apportant sa pierre à l’édifice Guinée. L’Éducation en est la clé.

« LE SAVOIR LIBÈRE L’HOMME. »

Stéphane KABA

Paris, le 8 / août / 2023

 

 

 

 

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L'Equipe de la Rédaction