Dans cette interview monsieur Lasso Kourouma nous parle du nouveau chef du gouvernement, son regard sur les premières démarches entreprises par ce dernier et lui prodigue également des conseils. M. Kourouma assure que Bah Oury ne sera pas le rival d’un quelconque parti. Entretien !
Comment avez avez-vous accueilli la nomination de Amadou Oury Bah au poste de premier ministre ?
LASSO KOUROUMA : C’est avec un sentiment de joie et de fierté que j’ai appris la nomination de Bah Oury à cet important poste de responsabilité. C’est en plus un sentiment d’honneur de voir cela parce qu’il y a déjà six (6) mois, mes collègues de la Primature y compris Ilyassa Baldé, Saïfoulaye Chérif Bah, je leur avais dit que s’il devrait y avoir une nomination d’un nouveau premier ministre, ça viendrait du monde politique. J’avais désigné monsieur Bah Oury comme un potentiel candidat parce que pour moi c’est quelqu’un de rigoureux par rapport à sa position. C’est quelqu’un qui va poser beaucoup plus de conditions. Et je disais que, si dans le dialogue avec les autorités de la transition, s’ils tombent d’accord sur certains points, ça va être un point d’ancrage pour le monsieur parce que c’est quelqu’un qui s’est battu pour des causes nobles et justes avant d’en arriver là.
Je me souviens, en 1992 l’année à laquelle il y a eu les évènements des étudiants sous le régime de général Lansana Conté. Je pense que c’est là où Monsieur Bah Oury a eu l’opportunité, comme on aime souvent le dire : l’occasion fait le larron. C’est en ce moment qu’il a dû abandonner les études pour venir participer au développement, à la renaissance de la démocratie guinéenne en cette période. A cette époque, il y avait beaucoup de frénésie, les étudiants qui réclamaient beaucoup la démocratisation, et de 1992 à 2000, l’Afrique avait commencé à s’adapter à la démocratie. C’est là que l’UDF (Union des Forces Démocratiques), les leaders politiques d’alors ont appelé le jeune Bah Oury qui est venu et par la suite ces leaders politiques et formations ont pu avoir une implantation un peu partout sur toute l’étendue du territoire national.
Comment comptez-vous l’aider dans votre collaboration ?
Nous nous sommes des techniciens, des missionnaires de l’Etat dans cette boite. Conseiller, ça veut dire que le chef qui est là doit avoir un dialogue franc avec nous conseillers. Si ce dialogue est franc, le premier ministre se fera hisser dans sa mission noble et exaltante. Cela pourra lui faciliter dans cette mission.
Je suis sûr que c’est quelqu’un qui va écouter, c’est un exemple de résilience politique. Il vient de loin. C’est un homme qui a observé beaucoup, il a été accusé çà et là mais, il a été arrêté par moment, mais c’est quelqu’un qui a résisté aux tempêtes politiques et actions judiciaires et administratives. Aujourd’hui il est premier ministre, chef du gouvernement de la Guinée, c’est le résultat. L’endurance et la persévérance ont pour fruit le succès. C’est ce succès qui fait que monsieur Bah Oury est au sommet de l’Etat. Celui qui est là, peut faire beaucoup allant dans le sens positif pour la transition car c’est un homme d’expérience et de compétences.
Vous en tant que conseiller, quelle sera votre partition ?
Nous sommes là pour que nous soyons bien imprégnés dans le monde politique. Veiller sur le respect des accords avec les institutions, nous allons renouer avec les partis politiques, les coalitions de la société civile, nous allons nous baser sur le dialogue franc, inclusif. On va aller vers lui-même s’il faut se mettre à genoux pour lui demander de porter son manteau social dans la régulation politique de la nation. S’il parvient à se mettre dans ce manteau social et religieux, il pourra trouver une certaine ouverture au monde politique qui viendra à son compte et qui finira par l’accompagner. Nous serons dans le monde transversal, politique, social et culturel. Nous allons essayer de lui briefer la situation pour lui expliquer un peu la bonne démarche à suivre.
D’ailleurs il est déjà sur la bonne lancée avec ces rencontres avec les hommes de médias, des acteurs politiques et des responsables d’autres entités. La problématique fondamentale, aujourd’hui il y a cette question des médias. C’est pourquoi les rencontres avec les hommes de médias vont se poursuivre pour que la Guinée se mette à la dimension des autres pays dans le domaine médiatique, culturel et politique.
Quelles sont vos impressions sur les premières démarches du premier ministre ?
Ce sont des impressions positives parce que monsieur le Premier ministre rassure par cette démarche. C’est une méthodologie qui est hyper bon, c’est quelque chose qui a toujours manqué aux leaders politiques et religieux. Il faut que chacun se mette en place des autres. Si Dieu fait que nous soyons au sommet de l’Etat, c’est pour gérer. Aujourd’hui, il faut réjouir du fait que le contact est permanent avec toutes les couches qui pourront lui servir de tremplin dans la gestion de la Primature.
Revenons un peu sur votre passé en tant que consul des Guinéens en Angola. Parlez-nous en ?
J’ai été d’abord le coordinateur des réfugiés urbains au niveau du système des Nations-Unies (HCR) avant de venir à la diplomatie active de mon pays. J’ai été consul à l’ambassade Guinée en Angola et j’ai été très positif à tout le monde. J’ai géré la mission qui m’a été confiée avec d’efficacité. L’Angola et les pays de la juridiction notamment : la Namibie, le Zimbabwe et le Malawi. Votre journal en ligne Africaguinee.com m’interviewait souvent sur certains sujets liés à nos compatriotes.
Donc nous avons tout fait pour que les Guinéens en Angola puissent vivre ensemble. On a essayé de les unir pour que le social et autres soient bien gérés. Le travail consul c’est comme le ministère de l’administration du territoire à l’intérieur. Il faut se baser sur la gestion de la ressource humaine, tel que les cas des migrants, les sans-papiers, ect. Nous avons donc réussi à le faire avec rectitude.
De 2012 à 2019 vous étiez en service à l’Ambassade de Guinée d’Angola, il y a eu des périodes où beaucoup de nos compatriotes ont perdu la vie dans des situations dramatiques. Qu’est-ce qui en était la cause ?
Je suis parti d’abord en tant qu’attaché chargé des affaires consulaires, puis chargé de l’investissement, de la promotion de tourisme. C’est de 2012 à 2019. Alors parlant des cas d’assassinat de nos compatriotes pendant une certaine période, il faut se dire que cette situation n’était pas fortuite, il fallait donc s’y attendre pourquoi ? Parce que c’est un monde multidimensionnel. Dans le cadre social, les angolais ne connaissaient pas ces types de crimes. Mais avec l’arrivé de vagues de migrants venus de tous les horizons dont l’Afrique de l’Ouest, Guinée, Mali, Sénégal, Côte d’Ivoire et autres, et d’autres pays frontaliers à l’Angola comme le Congo, les angolais se sont vus submerger. Dans ce contexte de multiplication social et culturel, c’était difficile pour un peuple qui venait de sortir de plusieurs années de guerre.
On a vu beaucoup de guinéens étaient victimes d’atteintes, mais après toutes les enquêtes on a compris que ces atteintes perpétrées contre les guinéens c’était entre eux-mêmes. Beaucoup de cas d’assassinats c’était entre des cousins et frères, donc entre les guinéens eux-mêmes. Parce que beaucoup de nos compatriotes s’associaient pour ouvrir un conteneur ou une boutique mais en fin de compte, chacun voulait éliminer l’autre pour s’accaparer du bien, et cela a causé les dégâts que nous avons tous connus.
Mais enfin de compte, avec la crise qui a frappé le pays et les réformes majeures entreprises par les autorités, parce que je rappelle que l’Angola c’était un pays basé sur l’importation, ça avoisinait les 60% du budget. Le gouvernement s’est rendu compte que cela allait couler leur économie, ils ont finalement fait des réformes notamment dans le secteur agricole en la politique : produisons en Angola et consommons en Angola. Ça été dur, les réformes financières également, mais cela fait qu’aujourd’hui, puisqu’on ne dit pas que tel a de l’argent, la multiplication des cas d’assassinant a fortement baissé.
Nous sommes dans une phase cruciale de notre pays où les défis sont nombreux. Comment entrevoyez-vous l’avenir ?
Ça sera un peu difficile mais pas impossible. Si nous prenons les démarches de l’ancien premier ministre, nous avons posé des jalons bien qu’il y a des choses à améliorer. C’est pourquoi nous allons corriger le passé, nous mettre sur le présent. Nous allons faire un mémo de nos démarches passées que nous allons soumettre à monsieur le premier ministre pour avoir un instrument de travail, lui permettre d’avoir de décanter les choses. Heureusement que lui-même a participé à sur toutes les activités lors des assises nationales, c’est un monsieur mûri déjà. Je pense qu’avec un peu d’écoute des conseillers il n’aura pas assez des difficultés. Je vais d’ailleurs lui faire la proposition de rencontrer les leaders des communautés de toutes les quatre régions naturelles de la Guinée, on va essayer de les écouter dans le cadre de la recherche d’une bonne approche pour le bien de tout le pays.
Ce qu’il ne faudrait pas faire, que certains de nos compatriotes voient le premier ministre comme un rival, à cause des antécédents politiques. Monsieur Bah Oury ne sera pas le rival d’un quelconque parti, c’est le frère avec qui ils ont eu à travailler ensemble mais à un moment donné, leurs chemins se sont séparés. Maintenant, l’heure est à l’unité de toutes les filles et fils de la Guinée pour notre bien commun.
Nous allons nous rendre sur l’Axe, on va parler en frères, en amis parce que depuis 1992 nous sommes ensemble dans le combat en tant militants du RPG et lui premier ministre d’aujourd’hui était dans d’autres formations politiques. Aujourd’hui Dieu a fait qu’on se retrouve étant ses subordonnés, je pense qu’on pourra faire de grand-chose dans la mission qui nous est assignée.
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