Lettre ouverte au Président de la Transition (Par Mamadi Dioubaté, Enseignant à la retraite)

Lettre ouverte au Président de la Transition (Par Mamadi Dioubaté, Enseignant à la retraite)

À Son Excellence Monsieur Le Président de la Transition, Colonel Mamadi Doumbouya, Chef de l’Etat
Excellence Monsieur Le Président,
J’ai eu cette envie, avant de parler de la politique, de méditer sur un certain nombre de sujets qui doivent servir un HOMME D’ÉTAT, fût-il un militaire.
Après tout, le militaire en est formé psychologiquement. J’en ai fait l’expérience durant deux mois à Valenciennes.
Dans la vie, tout homme, à un moment donné de sa vie, se pose forcément des questions sur soi, les autres, sur la vie , l’amour, la mort, le bonheur, le plaisir, le présent, le passé, l’avenir, la liberté, la politique. La réponse à ces problèmes essentiels est résolument moderne, tournée vers l’avenir, axée sur la transcendance, ce dépassement de soi qui débouche sur l’acte créateur, la seule vraie révolution, le seul moyen pour l’homme de se rapprocher des autres hommes donc de Dieu.
Excellence Monsieur Le Président
L’amour commence lorsqu’on préfère l’autre à soi-même, lorsqu’on accepte sa différence et son indescriptible liberté. Accepter que l’autre soit habité par d’autres présences que la nôtre, n’avoir pas la prétention de répondre à tous ses besoins, à toutes ses attentes, ce n’est pas se résigner à l’infidélité à notre égard, c’est vouloir, comme la plus haute preuve d’amour, que l’autre soit d’abord fidèle à lui-même. Même si cela est souffrance pour nous, c est une souffrance féconde parce qu’ elle nous oblige à nous déprendre de nous-même, à vivre intensément cette dépossession enrichissante. Dans la plus amoureuse étreinte, c’est un être libre que nous étreignons, avec tous ses possibles, même ceux qui nous échappent. Rien n’est plus grand que ce partage de la véritable personnalité de chacun.
L’autre nous interpelle fût-ce en nous heurtant, et même si ce choc nous brise, il nous oblige à renoncer à notre fermeté possessive, à devenir autre par la révélation de l’autre.
Avant de parler de la politique, je vous signale que nous avons en commun la ville de Kankan, l’alliance familiale, et oui Lille, la ville de Roger Salengro et de Pierre Mauroy, mes deux filles y habitent.
Excellence Monsieur le Président
Vous et moi connaissions la gentillesse et l’hospitalité des schtis.
En général, la politique de la gestion de l’Etat, des êtres humains, des biens publics, des affaires publiques se conforme à une Constitution rédigée par ses fondateurs qui définissent sa structure et son fonctionnement.
Faites la avec les personnes ayant des compétences et l’expérience, mais aussi celles qui connaissent ce pays profondément, qui saisissent les pulsions et impulsions de ce peuple.
Le projet de Constitution doit être mis à référendum. Si vous avez besoin de tous les apports, vous devez intégrer le fait que nul ni aucun groupe structuré ou non n’a le monopole du patriotisme encore mois de la paternité sur la Guinée que nous avons tous l’obligation de servir au dessus de nos desideratas.
Pour la Constitution de la cinquième République en France, le Général de Gaulle a sollicité toutes les expertises de France, François Mitterrand s’y est opposé farouchement, mais devenu Président de la République, en 1981, il n’a pas touché du texte qu’il a combattu en parlant de « complot permanent « .
Donc soyez en harmonie avec votre conscience de favoriser d’abord la Guinée au détriment de vous-même, de votre famille, de vos amis et collaborateurs, de vos adversaires.
Excellence Monsieur le Président,
Il faudrait revoir les prix des denrées alimentaires, il y a une cherté sans précédent en Guinée actuellement.
Un oeuf, pour prendre cet exemple, coûte 2500 francs guinéens. Comme l’œuf, tous les prix ont flambé alors que les revenus des ménages sont insignifiants. Ce n est pas normal.
Dans les quartiers, les populations se plaignent, elles n’arrivent plus à se nourrir correctement.
Excellence Monsieur le Président
Vous avez mené une très bonne action en détruisant les pharmacies par terre, cependant, il faudrait baisser les taxes sur les produits pharmaceutiques en permettant à la population d’acheter à bon prix les médicaments appropriés.
Nous avons la recette, comment récupérer le manque à gagner …C’est cela la politique de gouvernance.
Excellence Monsieur le Président
J’ai été ahuri d’écouter un individu sur une télévision privée, dire que votre mère interviendrait pour un certain nombre de personnes accusées pour malversations. Nous pensons qu’il faudrait éviter ce genre de discours sur
la place publique, car en politique, la séparation des pouvoirs est sacrée, la justice doit fonctionner normalement et c’est vous même qui avez dit que la justice sera la boussole de tout.
Excellence Monsieur le Président
Je voudrais attirer votre attention sur la manifestation du FNDC le 16 Février, envisagée par une association que votre gouvernement qualifie d’illégale, mais qui persiste et signe.
Comme je vous l’ai signifié en haut de cette lettre qu’accepter l’autre avec son imprévisible liberté et qu’il soit habité par d’autres présences que la nôtre, c’est cela l’amour, vous dites souvent il faudrait faire l’amour à la Guinée.
Mon appel, c’est de donner un endroit enfin de manifester tout en leur exigeant, un impeccable encadrement.
Il faut éviter le chaos et ne pas permettre à certaines personnes de crier à l’étranger, « on tue en Guinée… »
En leur laissant un endroit pour qu’elles jouent leur psychodrame, vous grandirait quelque soit l’importance du nombre y participant.
Excellence Monsieur le Président
Enfin, il faudrait revoir un peu votre entourage, certains sont devenus des compradores, corrompus.
Dans l’espoir et l’attente d’être entendu, veuillez agréer, excellence Monsieur le Président, l expression de mes sincères salutations.
Mamadi Dioubaté
Enseignant à la retraite

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L'Equipe de la Rédaction