« La ZMAO a été instituée il y a plus de 30 ans maintenant. En 30 années, nous n’avons pas encore réussi à la mettre en œuvre de manière plus effective. Les critères de convergence ne datent pas d’aujourd’hui. Donc, de manière erratique, la plupart de nos États n’ont pas été en mesure de satisfaire les principaux critères de convergence que nous nous sommes donnés en toute souveraineté », a pointé Bah Oury.
Pourquoi cet immobilisme ? Il y a beaucoup d’explications, indique le Premier ministre. « Dans les années 90, nous avions été confrontés aux guerres civiles, au Liberia, en Sierra Leone, par la suite d’autres instabilités », a-t-il expliqué, ajoutant que grâce à Dieu, de ce côté-là, la paix est revenue.
« Nous avons beaucoup d’efforts à faire. Et la question monétaire, c’est une question qui est tout à fait très objective. Ce n’est pas une question de sentiments, donc d’émotions. C’est du concret, parce que ça reflète exactement, en d’autres termes, la situation de nos économies qui, malheureusement, souffrent de beaucoup de déficits. Par conséquent, si la volonté politique est effective, en d’autres termes, nous voulons une zone économique unique au niveau de l’Afrique de l’Ouest, il faut que cela soit accompagné par une volonté politique également effective pour aller dans cette direction », a martelé le premier ministre guinéen.
D’autres l’ont réussi, parce que cela correspond à leur intérêt majeur, observe-t-il. À la 52e réunion du Conseil de convergence de la ZMAO, le constat révèle que parmi les six pays membres, aucun n’a rempli les critères de convergence primaire.
« Donc, nous devons faire de notre mieux pour avoir du succès. Nous pouvons le faire. Si nous ne le faisons pas, cela signifie que vous ne voulez pas avoir l’unité de notre monnaie. Et par conséquent, il ne faut pas s’étonner que les peuples s’impatientent et que nos États ont du mal à se faire respecter », a déclaré le chef du Gouvernement guinéen.
Pour Bah Oury, le respect passe avant tout par des critères simples : la souveraineté monétaire, la rigueur, la gouvernance vertueuse. « Et si on ne veut pas les changer, cela veut dire qu’on ne réussira jamais. Ici, en République de Guinée, depuis ces trois dernières années, sous le leadership du général Mamadi Doumbouya, il y a une réelle volonté de changer la donne. Une inflexion majeure sera encore constatée dans les prochains mois, avec l’aide de Dieu. Actuellement, nous avons des faiblesses dans notre capacité de mobiliser nos recettes.
Ce n’est pas une puissance extérieure qui nous empêche d’être capable de mobiliser effectivement nos recettes intérieures. C’est des pesanteurs internes, sociologiques et peut-être de manque de prise en compte des intérêts majeurs du pays qui font que certaines de nos administrations ne sont pas tout à fait en phase avec les objectifs prioritaires que nous nous assignons dans la phase actuelle. Et mobiliser ces recettes intérieures, c’est le premier acte de souveraineté. Si vous n’avez pas le pouvoir de pouvoir financer ce que vous décidez, vous n’avez plus de souveraineté, en tous points de vue », affirme Bah Oury.
Le premier ministre prône un changement radical. « Il faut que ça bouge. Il faut qu’il y ait une volonté de mobilisation des recettes intérieures de manière systématique, de maîtriser les dépenses pour que ces dépenses aillent là où ça doit aller, d’amplifier la croissance économique, de soutenir un secteur privé efficace, parce que c’est par ce biais-là que nous pouvons avoir une économie diversifiée, de faire que la politique soit au service de l’économique et non pas que l’économie », a-t-il lancé
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