Recorrection des copies du CEE : « l’attente est trop et psychologiquement ça met mal à l’aise » (Michel Pépé Balamou, SNE)

Recorrection des copies du CEE : « l’attente est trop et psychologiquement ça met mal à l’aise » (Michel Pépé Balamou, SNE)

Le samedi 13 juillet dernier, des résultats du Certificat d’Études Élémentaires (CEE) ont été partiellement publiés. Premier du genre en Guinée, la stratégie du nouveau ministre de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation continue de susciter des commentaires dans la cité. En conseil de cabinet tenu lundi au département dirigé par le ministre Jean Paul Cedy, une décision a été prise, celle de recorriger les copies de certains centres d’examen des communes de Ratoma, Matoto, Kaloum, Fria, Forécariah et Faranah, où les notes ont été surévaluées. Réagissant à ce dysfonctionnement, le Secrétaire général du Syndicat National de l’Éducation (SNE) a indiqué que la mesure est certes légale, mais inopportune au regard du suspense et des situations stressantes dans lesquelles ces candidats et leurs parents se trouvent actuellement.

MediaGuinee..com : Le Gouvernement, à travers le ministère de l’Enseignement pré-universitaire a procédé samedi, à la publication partielle des résultats niveau CEE. Comment comprenez-vous cette mise enattente de quelques communes de Conakry etcertaines villes de l’intérieur ? 
Michel Pépé Balamou : En ce qui concerne la rétention des résultats du CEE de six (06) circonscriptions administratives scolaires, la mesure est certes légale mais inopportune parce qu’elle a permis aux détracteurs de l’actuel Ministre de saisir la balle au rebond pour tirer sur lui à boulets rouges et manipuler l’opinion publique à leur faveur, alors que l’examen du Certificat d’Études Élémentaires ( CEE) n’est pas aussi important au point qu’on en fasse une affaire d’État, surtout que les gens le considèrent budgétivore et sans utilité puisque son diplôme ne sert à rien.
 On pouvait techniquement gérer ce contentieux sans l’ébruiter d’autant plus que même après la proclamation des résultats les règlements généraux des examens nationaux donnent les pleins pouvoirs au Ministre d’ajourner l’admission d’un candidat, de reprendre une épreuve pour fuite de sujet, d’annuler un examen voire annuler des résultats ou une partie des résultats.
Mediaguinee.com: Alors comment en est-on arrivé à ce scénario ? 
Michel Pépé Balamou: Pour répondre à cette question, il est impératif d’expliquer cette situation en partant de quelques hypothèses.
Premièrement : soit les élèves ont été aidés par les surveillants en écrivant les réponses au tableau puis en les effaçant rapidement. Dans ce cas les surveillants de ces salles doivent être sévèrement sanctionnés pour légèreté.
Deuxièmement : soit on a procedé à la substitution des copies au niveau du secrétariat. Là les chefs de centre endosseront la responsabilité pour manque de vigilance sans oublier l’équipe du secrétariat pour complicité de fraudes.
Troisièmement : soit des consignes ont été données aux correcteurs par le président du jury de correction à l’effet de donner de bonnes notes aux candidats et sur instructions du Directeur communal ou préfectoral de l’éducation. Là, c’est le DCE ou le DPE qui doit endosser la responsabilité
Quatrièmement : soit au niveau de la centralisation des notes , on a changé les mauvaises notes qui se trouvent sur les copies par les bonnes qui sont reportées sur les fiches de centralisation. Là, la responsabilité incombe aux membres de la commission de centralisation et au plus haut degré le premier responsable de la DCE/DPE si des instructions ont été données dans ce sens .
Cinquièmement : Soit lors de la saisie, il y a eu transformation de notes. C’est-à-dire la note qui se trouve sur la fiche de centralisation est différente de la note qui est saisie dans l’ordinateur. Là , la commission de saisie et les responsables des cellules examens doivent être sanctionnés.
Mediaguinee.comMaintenant que l’eau est verséequ’est-ce qu’il faut aujourd’hui pour remédier ?
Michel Pépé Balamou: Le Directeur général des examens doit projeter le fichier des résultats des zones incriminées sur un écran via un vidéo – projecteur en logeant des notes dans les fichiers Excel en fonction des salles, des centres d’examens, des sous – préfectures, préfectures et communes.
Cependant, s’il doit y avoir une troisième correction des copies, cette opération ne doit pas concerner toutes les copies. Mais les copies dont les notes oscillent entre 7,00/10 et 10/10. C’est-à-dire toutes les feuilles qui portent des notes variant entre 7, 00/20 et 10/20 peuvent être soustraites des lots de feuilles pour une nouvelle correction. Cela sera facilité par la sélection des notes comprises entre 7,00/0 et 10/10 dans le fichier Excel des résultats de ces circonscriptions administratives scolaires .
Ensuite , une autre correction peut ultérieurement être faite sur les copies dont les notes varient entre 00/20 ,02/20 et 5,00/20 pour situer les causes des échecs scolaires .
Un autre aspect non négligeable, c’est celui de la règle de la double correction. Avant, on faisait l’addition de la note du premier correcteur et celle du deuxième correcteur puis on les divisait par 2 pour obtenir la note du candidat dans une matière donnée. Lorsque l’écart entre les deux notes dépassait quatre ( 4) points, on procédait à une troisième correction. Et la note du troisième correcteur devenait automatiquement la note du candidat dans la matière en question.
Mais avec la réactualisation des règlements généraux des examens nationaux, c’est la note du deuxième correcteur appelé vérificateur qui est prise en compte. Et pourtant la note du premier correcteur influence la note du vérificateur qui est le deuxième correcteur. Cette confusion a créé d’énormes problèmes dans certaines localités au point qu’elles étaient obligées de revenir sur les premiers calculs de notes.
 Il est nécessaire de savoir aussi que dans les communes où il y a plus d’écoles privées que d’écoles publiques, les pourcentages peuvent être très élevés sans que cela ne soit source de fraudes massives. Les enfants du privé commencent leur scolarité par le préscolaire ( petite, moyenne et grande sections ) avant d’entamer le cycle primaire. Ils sont plus performants que les élèves des écoles publiques qui commencent les études par la 1ère année du primaire avec les effectifs pléthoriques. Surtout que les sujets étaient très abordables et les compétences recherchées sont : lire , écrire , compter et calculer.
Mediaguinee.comNonobstant ces casexceptionnelsquelles dispositions à prendre àdate contre de tels comportements ?
Michel Pépé Balamou: Il est d’un impératif catégorique et non négociable de punir les cadres qui seront reconnus coupables de la commission des anti valeurs et des pratiques déviantes qui n’honorent pas l’école de la République.
Car l’impunité encourage la récidive. Et c’est pourquoi nous devons traiter ce contentieux dans la plus grande diligence afin d’écourter le suspense et les situations stressantes dans lesquelles les tout-petits candidats du CEE de Kaloum, Matoto, Ratoma, Forecariah, Fria et Faranah et leurs parents se trouvent actuellement. Comme pour dire que l’attente est trop longue, surtout lorsque les autres savent déjà leurs résultats et jubilent dans le quartier. Psychologiquement, ça met mal à l’aise. Parce qu’en réalité, l’audit des copies doit être général pas pour annuler des résultats mais pour faire le diagnostic de notre système éducatif via les résultats des candidats qui reflètent le niveau et la qualité de nos enseignements et nos apprentissages.
Source:mediaguinée.org 

 

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L'Equipe de la Rédaction