Le général Abdourahamane Tiani a fait ces propositions via le chef d’État togolais, quil’a reçu à Lomépeu avant le sommet d’Abuja.
Dans même hôtel de la capitale nigériane, un peu plus loin, une autre silhouette connue : celle de Ouhoumoudou Mahamadou, premier ministre du président nigérien renversé. Sauf changement de dernière minute, c’est lui et non le représentant de la junte au pouvoir qui va s’asseoir dans le fauteuil et derrière le drapeau du Niger.
Les transitions laborieuses au Mali, au Burkina Faso et en Guinée seront également d’autres sujets politiques sur la table. À Bamako, la date de la présidentielle devrait en principe être rapidement connue, ce qui serait un bon point, analyse un diplomate.
Dans le cas du Burkina Faso et de la Guinée, les chefs d’États ou leurs représentants parleront de la durée des transitions politiques et de la place accordée localement dans le débat aux formations politiques légalement créés.
Des ONG demandent une exemption dans les sanctions pour l’aide humanitaire
Avec leur plan de sortie de crise, les militaires de Niamey veulent notamment queles sanctions visant le Niger soient levées. Ces sanctions rendentla distribution humanitaire au Niger pratiquement impossible: plusieurs milliers de camions sont bloqués aux frontières du pays, alors que 4,3 millions de personnes ontun besoin urgent d’assistance, selon les signataires.
Dans ce contexte, un groupe de 11 ONG opérant au Niger – dont Action contre la faim et Oxfam – demande une exemption humanitaire aux sanctions de l’organisation sous régionale. Cette exemption a été rappelée par la commission fin août à trois pays frontaliers (Togo, Bénin, Nigéria). Mais faute de cadre juridique clair et d’inscription dans le cadre légal de ces sanctions, l’aide a beaucoup de mal à cheminer jusqu’aux humanitaires,dont les programmes tournent au ralenti.
Selon Mohammed Chikhaoui, le représentant des ONG internationales au Niger, la conséquence du manque de cette exemption est que «les produits nécessaires à l’assistance humanitaire – que ce soit des médicaments, de la nourriture ou de l’assistance nutritionnelle pour les enfants malnutris – sont considérés comme des marchandises quelconque et donc ne bénéficient pas d’un laissez-passer spécial pour pouvoir entrer au Niger.»
Mohammed Chikhaoui, le représentant des ONG internationales au Niger, déplore que «jusqu’ici, seulement six camions humanitaires ont pu passer la frontière, ce qui démontre que le seul corridor, passant via le Burkina Faso, n’est pas viable »
L’inflation, la sécurité et le projet de monnaie commune
Du côté des sujets économiques, les dirigeants ouest-africains devront se pencher surl’inflation qui frappe la plupart des pays de la zone. Plusieurs économies sont en grande souffrance. Ils pourraient se prononcer sur des mesures communes, réfléchies lors du dernier Conseil des ministres de la communauté économique l’Afrique de l’Ouest,rapporte notre correspondant à Abuja,Moïse Gomis.
Impossible pour les chefs d’État de faire l’impasse sur la situation sécuritaire, avec ces groupes armés qui frappent le Sahel et le Nigeria. Mais des mouvements terroristes qui débordent désormais sur les pays côtiers. Les leaders auront à lire un rapport rédigé par les services de renseignements de la zone. Plus de 10 millions d’habitantes et d’habitants de la Cédéao sont désormais soit réfugiés ou soit déplacés internes.
Leprojet de monnaie commune ecodevrait être également abordé. L’an dernier, un rapport qui n’a jamais fuité avait été présenté à la conférence des chefs d’État. Ce document proposait différents scénarios tenant compte des réalités et poids économiques de chaque État membre. L’enjeu de ce 10 décembre est bien de savoir si un chronogramme va enfin être lancé pour une monnaie pour les 15 pays ouest-africains.
Avec RFI