Cette prise de position est basée sur un certain nombre d’actes posés par les putschistes depuis leur entrée par effraction sur la scène politique. Mais pour les observateurs avertis de la situation, l’agenda du CNRD n’a pas jamais été caché. L’ancien caporal de la Légion étrangère et ses arrogants compagnons ne veulent pas un retour à l’ordre constitutionnel. Leur seule préoccupation est de confisquer le pouvoir pour s’y maintenir aussi longtemps que possible. Pour y arriver, ils passeront par deux voies. Il s’agit de se servir de procédures judiciaires fantaisistes, avec la complicité de magistrats indignes d’exercer cette fonction, pour éliminer les acteurs politiques majeurs. L’autre voie consiste à profiter d’une faille dans la Charte de la Transition pour se porter candidat à la prochaine élection présidentielle qui sera émaillée de fraudes sans précédent.
En effet, l’article 46 de la Charte indique que le Président de la Transition et les membres du CNRD ne pourront pas faire acte de candidature aux élections nationales et aux élections locales qui seront organisées pour marquer la fin de la Transition. C’est cette disposition qui semble rassurer certains quant à la volonté de la junte militaire de rendre le pouvoir à l’issue de la Transition. Mais cet article est totalement muet en ce qui concerne l’hypothèse où le Président de la Transition ou un membre du CNRD demissionnerait de sa fonction à quelques mois de la fin de la Transition.
En vérité, le silence de la Charte sur cette question est voulu et s’inscrit justement dans l’agenda du CNRD. C’est bien le plan de Mamadi Doumbouya pour conserver le pouvoir. C’est le lieu de rappeler les propos de Ousmane Gaoual Diallo, porte-parole du Gouvernement, qui disait que Mamadi Doumbouya ne ferait pas un jour de plus au-delà des 24 mois. Il a ajouté que s’il devait y avoir plus de 24 mois de Transition, ce serait un autre qui dirigerait celle-ci. Ce qu’il faut comprendre de ces déclarations, c’est que tout porte à croire que Mamadi Doumbouya, dans les mois où semaines qui précéderont l’organisation de l’élection présidentielle, demissionnera de sa double fonction du Président de la Transition et de Président du CNRD, pour se porter candidat. Ainsi, l’article 46 de la Charte de la Transition ne lui sera plus applicable.
Pendant ce temps, Aboubacar Sidiki Camara dit » Idi Amin » prendra les rênes du pays. Mory Condé se battra auprès du CNT pour que l’organisation des élections reviennent au MATD. Il suffit d’imaginer un seul instant une élection présidentielle organisée par ce ministre-menteur pour comprendre le danger qui plane sur la Guinée.
Les leaders politiques qui pensent naïvement que la junte militaire joue en leur faveur doivent se détromper. Mamadi Doumbouya et sa bande font leur propre jeu et non celui d’un acteur ou un parti politique, aussi proche soit-il des putschistes. Les courbettes et les discours mielleux de » particules politiques » à l’endroit de la junte militaire ne serviront à rien.
En tout cas les partisans du putschiste en chef y compris certains de ses ministres déclarent à qui veut l’entendre qu’on a jamais vu en Afrique un président âgé d’à peine 40 ans et de surcroît militaire ayant toute l’armée à sa disposition, rendre le pouvoir à des civils.
C’est pourquoi, tous ceux qui ont un véritable souci du retour de la démocratie en Guinée et qui sont sincères dans leur engagement doivent faire front commun contre la nébuleuse CNRD qui n’est en fin de compte qu’une association de malfaiteurs.
SEKOU KOUNDOUNO
RESPONSABLE DES STRATÉGIES ET PLANIFICATION DU FNDC